Face à Face vendredi, L'élégance faite pelotari

La première demi finale de la 15ème édition de cette « cesta de Nadaü », taille et prestige 2XL, nous a proposé l’opposition de deux des meilleurs arrières espagnols, sinon les meilleurs, Imanol Lopez le champion du monde et Unaï Lekerika, son vice-champion du monde, c’était à Biarritz en 2022… On remet le couvert ce vendredi 13 -jour de chance n’est-ce pas ?- en bordure du Cami Salié. Oui, il suffit de changer la nationalité de nos deux arrières en lice cette fois, puisqu’ils sont français tous deux, internationaux aussi, et au sommet d’une hiérarchie que Jérôme Portet, celui de l’été dernier s’entend, pourrait chatouiller, pas beaucoup d’autres dès lors que Gorka Sorozabal évolue sous bannière américaine.
David Minvielle le plus béarnais des basques et Thibaut Basque dont le patronyme cerne son landernau et interdit toute interprétation géographique, ne sont pas seulement des arrières dont la fiabilité a franchi toutes les frontières de la pelote avec succès. Non, ils n’ont pas toujours tout gagné partout, la punta n’est pas une science suffisamment exacte pour cela, mais gagnants ils sont beaux gagnants, et perdants ils sont… beaux perdants.
Le quadra du BAC et le trentenaire de la Kostakoak partagent la même élégance du geste, fut-il brutal, et sont dans la globalité de leur personnage de merveilleux ambassadeurs de leur sport… Nous ne revendiquons bien évidemment pas la paternité de la découverte, d’autres l’ont fait il y a bien longtemps et ils ont eu raison de les vêtir du bleu du blanc et du rouge qui en font des exemples.
On a pris plaisir à leur poser les mêmes questions pour un portrait croisé…
Messieurs, que lit-on sur vos papiers d’identité ?
-David Minvielle: « né le 1er février 1985 à Saint Palais – 1m 82 pour 85 kilos. Exploitant agricole à Caresse Cassaber. Marié à Marion, un fils Oïhan 2 ans et 3 mois. »
-Thibaut Basque : « né le 20 juin 1996 à Nanterre – 1m 80 pour 76 kilos. Contrôleur de gestion au groupe Clim à Bidart ; Ce fils d’une famille de 4 garçons est papa d’un enfant. »
Et sur votre passeport pelote ?
-David Minvielle : formé à l’école du BAC, le Biarritz athlétic club, où je suis toujours licencié. Début professionnel en 2011, Tenant du titre remporté avec Aritz Erkiaga,
-Thibaut Basque: formé à l’école de Bidart où je suis toujours licencié. Début professionnel en 2018. Qualifié pour la poule demi-finale de l’actuel « Winter séries » de Gernika, avec Johan Sorozabal.
Le succès dont tu te souviens tout de suite et que tu n’oublieras pas ?
-David Minvielle : « Mon premier gant d’or de Biarritz en 2017 avec à l’avant Mikel Eguiguren. C’était contre Goïkoxéa et Lekerika, une grosse écurie. »
Thibaut Basque : « Les Internationaux de St Jean de Luz, l’été dernier en aôut 2024. Ma première victoire dans un grand tournoi professionnel avec Johan Sorozabal. »
A quoi dois-tu cette passion pour la punta ?
-David Minvielle : « A mes parents ! Ils étaient des amis du président du Stade Salisien alors ils m’ont inscrit. Moi à l’origine je jouais au foot à Caresse… Mais c’est vrai que j’ai bien aimé tout de suite et que je n’étais pas maladroit. Après, pour jouer à la punta il a fallu partir et Biarritz s’est imposé avec le père des frères Sorozabal, Jean Claude, qui rentrait tout juste des Etats-Unis et qui devenait mon entraîneur. »
-Thibaut Basque : « C’est un héritage familial. A la culture pelote basque de ma famille. Mon grand-père était un joueur de main nue, mon frère aîné est un joueur de cesta punta. Tous les dimanches en famille on allait à la pelote, ou on en regardait à la télévision. Mes parents m’ont naturellement inscrit au club de Bidart et comme là on ne jouait qu’à la punta… Mais ça m’a plu d’entrée. »
Quelle est, à tes yeux, ta qualité première ?
-David Minvielle : « J’essaie constamment de faire le moins de fautes possibles, ça s’appelle la régularité non ? Alors va pour la régularité. Un arrière à la punta c’est la sûreté »
-Thibaut Basque : « Mon engagement sur une cancha »
Et celle de ton adversaire du jour ?
-David Minvielle : « Sans la moindre hésitation, sa puissance »
-Thibaut Basque : « David est un joueur régulier, d’une grande régularité, oui »
As-tu un jaï alaï préféré ?
-David Minvielle : « Question piège (sourire). Parce que je vais dire Biarritz… Mais c’est sincère ! Je m’entraîne et joue là-bas depuis toujours, c’est donc là que j’ai le plus de repères, le plus de confort. »
-Thibaut Basque : « Oui, celui de Gernika et pas seulement pour son ambiance… C’est un fronton long , où il faut frapper fort et longtemps et c’est mieux adapté à mon style de jeu. »
As-tu des préférences de partenaires ?
-David Minvielle : « Oui… Je vais vexer les autres, non ? (rire)… Non mon style de jeu s’accorde bien avec des joueurs comme Yohan (Sorozabal) , Aritz (Erkiaga), Jean Do (Olharan) c’est des styles que j’aime bien. »
-Thibaut Basque : « Oui quelques uns, c’est naturel. Côté Français j’aime bien jouer avec Laduche, mais ça c’est normal on a joué ensemble depuis si longtemps, Jean (Olharan) aussi et puis, c’est plus récent avec Johan on s’entend de plus en plus. Côté espagnol, j’apprécie de jouer avec Barandika et j’appréciais aussi Hormaetxea, mais il ne joue plus. »
Quelle image de toi aimes-tu donner ?
-David Minvielle : « Celle d’un battant, toujours, sur toutes les pelotes. Je n’ai jamais triché sur une cancha »
-Thibaut Basque : « l’image de quelqu’un qui s’est donné à fond sur la cancha »
L’équipe de France ?
-David Minvielle : « On y pense oui bien sûr, elle est toujours dans un petit coin de la tête, mais la tête ce n’est pas le corps et en ce moment le corps il me met le doute dans la tête. J’ai mal au bras, j’ai mal à l’épaule, je fais tout ce qu’il faut mais c’est tout de même de plus en plus compliqué. Je sens que j’ai 40 ans… Et puis j’ai une exploitation de 200 hectares à gérer et c’est aussi très important.»
-Thibaut Basque : « Oui bien sur on y pense, elle est toujours dans un coin de la tête ! C’est normal non ? C’est le « kif » de tout joueur.A l’horizon 2026 il y a les championnats du monde à San Luis donc on fait tout pour y être ...
Que faut-il te souhaiter ?
-David Minvielle : « On commence sur le plan pelote ? -c’est ton choix- c’est simple, une belle fin de carrière, donner une bonne image, il ne faut jamais oublier qu’on joue aussi devant des enfants et qu’à ce titre on doit être des exemples. Sur un plan personnel ? Que la famille s’agrandisse, et passer de très beaux jours avec. Sur ou hors de la cancha d’ailleurs mais j’ai un petit qui déjà, ne cesse de me demander « yo », « yo » « yo »… Alors son gant est en fabrication... »
-Thibaut Basque : « Une victoire à la « Cesta de Nadaü » ! Pour ma première participation, ce serait pas mal… Après, d’être heureux et riche (rire) mais ce ne sera pas avec la pelote ! »
Gérard Bouscarel