"Master Excelsa", une finale de lauréats
L’histoire est tenace et têtue elle aime souvent repasser les plats sans doute pour qu’on n’ oublie pas ce qu’elle écrit l’histoire, un peu comme à l’école quand la maîtresse ou le maître nous faisait réciter des dates qu’on avait plutôt intérêt à avoir appris par cœur. Vous vous rappelez bien sûr, « 1515 Marignane, 1815... Waterloo » etc... etc. Les historiens du sport ont les leurs histoires et elles font date également, même s’il nous faut raison garder quant à leur valeur respective, ce n’est ici bien entendu qu’un clin d’oeil pour dire que ce « Master Excelsa », quatrième du nom a de la suite dans les idées et ne s’offre qu’à quelques uns de ses prétendants, très peu même. Et toujours les mêmes ce qui va finir par vouloir dire quelque chose et donc, rentrer dans l’histoire.
Nicolas Miremont le morlannais au regard noirci par ses lunettes plus que par sa méchanceté, Valentin Duguine son arrière, longiligne landais que rien ne semble fatiguer joueront pour un troisième titre qui les dédouanerait quelque peu de priver épouses et compagnes de la Saint Valentin, Olivier Laberdesque toujours un peu plus abîmé par des décennies de campagne aux quatre coins, non pas de l’hexagone mais de la planète jouera lui pour ajouter une seconde ligne sous celle de 2021 lorsqu’il ouvrit le palmarès de l’épreuve... Et puis aussi pour empêcher ses jeunes collègues d’installer ce qui serait une main mise totale sur la compétition.
Un psy au secours bientôt ?
Comment en est-on arrivé là vendredi soir dans un trinquet ne souffrant plus cette fois dans les gradins de la concurrence du tournoi des six nations ? De deux manières différentes, comme souvent, les 40 premiers points n’ayant que peu de… points communs avec les suivants, voir aucun.
Tenez quand on sut assez rapidement que Carricaburu et Hubert auraient un mal de chien à tenir Laberdesque et Abad en laisse, non pas qu’ils furent bien moins bons que la semaine dernière mais bien que le palois et son pote évoluèrent sur des sphères où la maîtrise le disputait au talent, la construction à la préparation, oui quand on eut cette info, qui enleva c’est vrai un peu de piment à la partie, on était une petite heure avant dans le flou le plus artistique, l’indécision la plus totale. Miremont et Duguine avaient eu recours à un "tiempo" lorsqu’ils mesurèrent combien ils n’avaient pas pris la partie par le bon bout, mais là encore, c’est sans doute que Baptiste Hourçou, la frappe, et Arnaud Bergerot la science, étaient entrés sur la cancha avec les moyens de leurs intentions. 10-15 fut donc le dernier grand écart du soir…
Jusqu'à 30 en se suivant
La suite ce fut à toi à moi, à vous, je vous en prie, mais non je n’en ferai rien, de politesse en politesse, façon de parler bien entendu, on alla jusqu’à l’attaque de la dernière ligne droite, la dernière dizaine, en se suivant pas à pas, à la manière de Jacque Brel quand il chantait le suivant qui était toujours suivi au point de ne plus savoir quel était le suivant ou bien le suivi.. Chemin faisant, de la sorte, le sprint des dix dernières points s’annonçait au couteau, pensez l’esquiulais et l’urrugnar l’abordaient avec le pécule d’1 point : 31-30! Si l’on vous dit que l’emballage prit fin sur un 32-40, que les lauréats 23 et 24 finirent sur un 10-1 des plus violents vous pensez que… Ou vous ne pensez rien, vous restez coi, comme nous sommes restés coi, comme Bergerot est resté coi, comme Hourçou est resté coi, comme le public est resté coi… Il y a des parties ou l’on devrait faire suivre un psy… Bien sûr que le mérite en revient à Miremont et Duguine qui ont poursuivi sur le même rythme quand leurs adversaires ont flanché mais flanché sec, mais bon ce n’est guère convaincant comme explication, il doit bien y en avoir une autre peut-être repose-t-elle sur la débauche d’efforts fournis pour rester le suivant ou le suivi jusqu’à ce 31-30 prometteur d’un autre final.
Laberdesque-Abad ont fait mal
Lorsqu’ensuite Laberdesque et Abad arrivèrent à 30, il aurait fallu un peloton de psy pour venir nous expliquer le pourquoi de leur défaillance. Ils voguaient légers et aériens avec une grosse dizaine de points dans la gibecière et les psy en question pouvaient restés chez eux il n’y eut pas le moindre soubresaut. Non pas que Carricaburu soit devenu aussi nul qu’il avait été brillant huit jours avant, non, il s’est battu le diable jusqu’à aller, plus souvent qu’à son tour, frotter son beau pantalon blanc sur le sol du trinquet, défendre le filet avec cette ténacité féroce, non pas que Hubert ne fut plus cet arrière à la panoplie complète du joueur de trinquet et à la condition parfaite, simplement quand Laberdesque fait du Laberdesque alors la pelote chante, les angles s’arrondissent, les effets surprennent, bref le champion est le champion, nous dit-il que l’épaule est en vrac, le poignet douloureux. La douleur elle est pour le rival qui s’arrête à 23, c’est peu 23 en demi-finale. On en viendrait presque à souhaiter qu’il se blesse encore davantage...Non bien sûr c’est de mauvais goût, de très mauvais goût même. On lui souhaite au contraire de garder cette forme qui semble communicative puisque Beñat Abad sans faire de bruit fait du bon boulot, du très bon boulot même…
Bon malgré tout ça on ne va rien parier, surtout pas pas vous dire que la finale sera… On ne sait pas, nul ne sait, c’est le jeu qui décidera et peut-être encore une fois écrira-t-il un scénario pour l’histoire !
Gérard Bouscarel