La 15ème "cesta de Nadaü", le top 14 de la pelote

Une info, une image, un cliché, un rien en somme, suffisait à mettre la « Cesta de Nadaü « qui approche désormais aussi vite que le père Noël, dans l’écrin qu’elle mérite. Non, Imanol Lopez, longiligne quadra, aux sourires aussi rares que les cèpes sous la neige dès lors qu’il rentre sur la cancha, non Imanol Lopez, le puntiste de Markina qui en 2012 déjà, ce n’est pas d’hier, éblouissait le jaï alaï de Miami et tout le « bling bling » qui s’y précipitait, non Imanol Lopez quintuple champion du monde, six ans de rang meilleur arrière du circuit américain à une époque où il était la seule et unique référence de la discipline, non Imanol Lopez n’a jamais encore inscrit son nom au palmarès de la « Cesta de Nadaü ». Et que croyez-vous qu’il fasse le 6 décembre prochain, Imanol Lopez ? Oui, oui, la route, de Markina jusqu’au complexe du Cami Salié, qu’il pleuve, ou qu’il vente, pour y disputer la première demi-finale de cette jeune fiancée qui lui a jusque là refusé ses faveurs. En espérant refaire le même chemin quinze jours plus tard, nous serons le 20 décembre et ça voudra dire qu’Imanol Lopez, tout droit destiné à la légende de ce sport, s’est qualifié pour la finale.
15 ans, une bien belle ado
L’ironie du sort c’est qu’il va jouer, le grand basque, avec celui qui en possède une sacrée collection de « Nadaü », six peut-être même sept, l’enfant du club, le petit prince de l’attaque dit-on en Biscaye et en Navarre, Jean Olharan !
Ainsi un champion aussi bardé de lauriers soit-il ne saurait être en paix avec lui même qu’en ayant gagné cette « Cesta de Nadaü » dont l’idée germa, en 2009, à Biarritz, dans l’esprit de Jean Marc Olharan, le champion et père du champion. Pau disposait d’un jaï alaï flambant neuf, il ne disposait pas de l’expérience des vieux renards luzien et biarrot, mais il disposait du chauffage, lui… Pourquoi pas une épreuve de lancement l’hiver ? Pourquoi pas lui donner un petit air d’identité béarnaise bien que ce soit de la pelote basque ? La « Cesta de Nadaü » a 15 ans, en 2024, c’est une bien belle ado, dorlotée à Pau, convoitée partout ailleurs et n’ayant peut-être pas fini de dévoiler ses charmes.
Gérard Pierrou, en grand maître de la cérémonie de présentation de ce chapitre numéro 15 de « Nadaü » à la presse l’indispensable relais, aux élus dont il louera l’écoute, à ses partenaires dont il dira que le soutien est la fondation de l’évènement, sait bien que son plateau 2024 est un rubis, un diamant. Il sait que réunir sous une même bannière, loin de la mère patrie, quatre champions du monde et quatre joueurs qui ont été tout près de l’être ou qui rêvent désormais de l’être est un luxe qu’on lui envie. Mais il sait également ce président à la peau tannée par plus de 30 ans d’expérience, que la pelote, sa pelote chérie, n’a pas encore tout à fait pénétré l’espace public à sa juste mesure. Non pas qu’il veuille la mettre plus haut qu’elle ne le mérite, simplement la faire apprécier à sa juste valeur…
L’hommage de Loustaudine
Alors lui qui a fait asseoir à ses côtés, Claude Ferrato le représentant du maire, mais aussi Christian Loustaudine et Jean Marc Olharan, ne s’est pas fait prier pour trouver le raccourci, la formule pardon, qui fasse passer Imanol Lopez et les autres du domaine des seuls spécialistes de ce jeu, dans le royaume de tous ceux qui aiment la beauté du sport, le talent, le génie, le geste qui peuple les nuits de jolis rêves, qui enchantent les enfants.
« Nous sommes le top 14 de la pelote » s’est amusé Gérard Pierrou, le verbe haut, aussi haut que le plateau qu’il venait d’énumérer fort d’Aritz Erkiaga, cet avant aussi merveilleux que le nom de son village, Ispaster, n’est pas franchement joli, l’autre champion du monde en titre, puis tous les autres, Barandika, Lekerika, Basque, Minvielle, Sorozabal, Olharan, la crème de la crème.
Puisque la « Cesta de Nadaü » prenait un air d’ovalie, Christian Loustaudine, jouant sur les deux tableaux et plus avec l’omnisport, était le mieux placé, pour dire tout haut ce que personne pense tout bas, c’est à dire sa « sidération, son admiration, pour l’abnégation et l’investissement de ses deux voisins, à sans cesse sur le métier remettre l’ouvrage pour avancer, progresser, et arriver là où « Nadaü » arrive cette année, sur les sommets… à rendre nos voisins et amis basques jaloux ! »
Perspective de mondialisation
Avant que Jean Marc Olharan, ne réceptionne la balle et ne s’en saisisse pour un bel exercice pédagogique, il nous revenait en mémoire, au sujet de ces « chicailleries » basco béarnaises, la phrase d’Aritz Erkiaga justement, celle que vous aviez pu lire, ici même, dans l’interview qu’il avait accordée au site : « J’aime bien Pau parce qu’ici rien n’était acquis, il a fallu tout construire, alors que chez nous tout est venu tout seul... » Voilà de l’eau sur la gentille polémique qui parfois fait que basques et béarnais sont les meilleurs ennemis du monde…
Jean Marc Olharan, disions nous, a lui aussi donné dans la vulgarisation du circuit de la cesta punta d’aujourd’hui, l’explication de ses règles et son évolution. Cette dernière sera visible dès décembre à Pau avec la première « Cesta de Nadaü » au féminin pour habiller celle des hommes. La vulgarisation, c’est la « jaï alaï league » qui a mutualisé tous les frontons retenus, une grosse dizaine entre les deux pays basque avec perspective d’une mondialisation qui passerait par la Floride et par le Mexique.
La surprise pour 2025
L’intérêt de cette attribution de points et de ce classement débouchant sur une grande finale c’est la fidélisation des meilleurs spécialistes. Et là encore, corroborant le propos de Loustaudine, « Nadaü » la béarnaise de Pierrou, Olharan et toute leur équipe a obtenu le label « jaï alaï league » depuis 2022 !
Comment aller plus loin, a-t-on interrogé dans l’assistance, peut-être en pensant piéger, ou pour le moins prendre en défaut nos dirigeants palois. C’était mal connaître Gérard Pierrou qui avait gardé sa botte secrète comme on garde la plus belle comète pour la fin du feu d’artifice, « je crois pouvoir vous dire qu’en 2025 nous devrions accueillir un évènement de taille international, quelque chose d’important...»
L’info réjouissait Claude Ferrato l’élu municipal, également fier de son label pelote estampillé « Etchebarne » et Sylvie Lascabes du service des sports de la ville et de l’agglo, tous deux savent, et ce n’est pas d’hier, que ce qu’ils investissent dans le grand et unique complexe de pelote est un placement plein d’intérêt.
Si Imanol Lopez venait enfin à gagner avec Jean Olharan cette « Cesta de Nadaü », il aurait, vous en conviendrez, bien choisi son année... Elle sera d’un très grand cru !
Gérard Bouscarel
Sur notre montage photo: De g à dr à la table, Jean Marc Olharan, Christian Loustaudine, Claude Ferrato et Gérard Pierrou. Jean Olharan détaillant le plateau de l'épreuve devant les présents à la conférence de lancement.
A venir sur le site, l'analyse de Raymond Cazadebat sur les rencontres de cette 15ème édition.