Main nue au complexe, Les mondialistes argentés battus...
Quinze ans ! C’est presque une génération quinze ans, et si ça ne l’est pas tout à fait c’est un long bail, vous en conviendrez. C’est celui qui séparait le retour de la main nue au trinquet du complexe de pelote, ce 28 février 2025 des championnats du monde d’octobre 2010 dans les mêmes installations alors toutes jeunes et pimpantes.
Alexis Inchauspé, cet avant d’Hasparren aux désormais six titres nationaux en Elite B, filait sur ses 20 ans, Ximun Lambert les avait fêtés depuis peu mais fêtés. Ils étaient jeunes et beaux, déjà très bons aussi puisqu’ils formaient tous deux la première monture de l’équipe de France qui n’avait rendu les armes qu’en finale contre le Mexique. Elle fleurait bon l’avenir cette médaille d’argent sauf que peu de temps après on brisa les barrières qui séparaient le monde amateur du monde professionnel ou indépendant.
Carrière exemplaire
Ils sont restés beaux et bons, Inchauspé et Lambert, rassurez vous, jeunes encore, mais un peu moins, Quinze ans c’est un bail, c’est une carrière et elle a valeur d’exemple, disons le sans plus attendre. Les retrouver tous deux sur la cancha paloise, où il n’étaient guère revenus depuis, à guerroyer, à ferrailler, pour séduire une dernière fois la direction sportive d’Esku Pilota mérite un premier coup de chapeau, très grand même. Elle était venue la responsable des compétitions fédérales pour distribuer à Pau les derniers bons points qui enverront, ou pas, les joueurs en Elite « A » du prochain championnat de France par équipes.
Atout maître oui mais
De surcroît ils sont restés bons, et le métier qu’ils promènent désormais reste un atout, un gros atout, dans cette spécialité si belle mais si dure et ingrate qu’est la main nue. Oui mais, cet atout il peut ne plus être maître. Oui mais cet atout il peut parfois être battu en brèche, par plus de fougue, plus de vitesse, plus de force, plus de réactions, en un mot toute cette panoplie dont disposent ceux qui n’ont pas quinze ans de moins, non non, mais suffisamment moins pour se hisser au rang de challengers, pour défier ces aînés ce qui reste bien évidemment l’essence même de la compétition. La jeunesse est aussi un atout quand elle s’ajoute au talent.
Deux parties, une même histoire
Entendons nous bien, nous n’avons pas assisté à un passage de relais lors de cette septième et ultime soirée de ce circuit préliminaire visant à dresser un état des lieux de l’effectif des « manistes » de haut niveau, visant à maintenir en régime de compétition ceux qui n’avaient pas participé au championnat de tête à tête ( le dénouement aurait lieu à Hasparren 48 heures plus tard ) et qui devaient les rejoindre pour prendre le départ du championnat par équipes, le deux contre deux... Inchauspé comme Lambert ont encore de beaux jours devant eux, ce que l’on conte c’est simplement l’histoire de la soirée paloise.
Espinal, que l’on attendait pas
Elle comptait deux parties cette soirée et deux fois le scénario comporta des similitudes telles que l’on ne pouvait ignorer l’état civil des uns et des autres. Ainsi en ouverture le duo des basques espagnols annoncé ne fut pas celui là puisque Ekhi Ziarusta, blessé abandonna son compère Inhar Ugarte et à la hâte fit-on venir de Pampelune Iker Espinal, jeune premier de 28 ans, fin gaucher, élégant, racé et champion du monde de...front-ball depuis 2022 ! Il fut aussi vice champion du monde à main nue mais ça n’eut pas le même éclat vu qu’il ne joua pas les phases finales. Depuis il ne se consacre plus qu’à la main nue et le moins que l’on puisse affirmer c’est que le jeune homme, licencié à Urrugne, n’a pas eu tort, il est de ceux qui ont marqué des points et pas que sur la cancha… Associé à Inhar Ugarte, autre basque espagnol assidu du championnat de France depuis 6 ans, il a joué un bien vilain tour à Alexis Inchauspé et à Bixente Larralde bien qu’ils aient cumulé 7 titres nationaux à tous les deux.
Comme un coup de Trafalgar !
La partie elle s’est sans doute jouée dans les têtes autant que dans les jambes quand les deux tricolores ayant confortablement mené la danse(9-5) se firent rejoindre à 13 et abandonné aussi à 13 ! Le coup sur la tête fut comme un assommoir, nos voisins d’au delà de la Bidassoa n’eurent pas à s’employer autant pour plier la 2ème manche à 9 ! Trafalgar n’est pas au Pays Basque mais le coup y ressemblait quand même étrangement
C’était au tour de Ximun Lambert de s’avancer flanqué de Mattin Olçomendy, pour défier Maxime Etcheverry et Antton Luro et sur la balance des années il n’y avait pas photo mais bel et bien 20 ans de différence…
1-10 ça fait mal, très mal !
Ce qui ne se vit pas d’entrée, Lambert précieux et précis, menait sa barque avec sa frappe soyeuse si tant est qu’on puisse parler de soierie dans un sport pour hommes forts et insensibles à la douleur, mais l’abattage de Maxime Etcheverry posait bien des soucis à Mattin Olçomendy et là encore le score fit un grand écart de moins 5 à plus 4. Plus l’échange durait, et le public fut témoin de véritables marathons parfois, et plus le point tombait dans l’escarcelle des mêmes, les « blancs » : 15-11 à la fin et bis répétita au début du second acte ? Lambert pose toujours ses belles pelotes mais Luro n’est pas en reste et Etcheverry gagne assurément la bataille de devant ! Et donc à 8-5 pour les « bleus » nouveau virage à 180 degrés de la partie, peut-être même à 360 avec ce 10-1, qui fut même 10-0 (15-9).
Verdict lundi soir
En conclusion de cette belle soirée bien suivie par un public de connaisseurs bien que Pau se soit affichée sur tous les terrains, ce vendredi soir: Zénith (Artus), Palais des sports (Elan-Fos), Nousté camp (Pau FC – Grenoble), personne n’était qualifié, personne n’était éliminé… Le verdict de la soirée, il apparaîtra dans la composition des équipes qui disputeront les deux championnats de France Elite « A » et «B » et c’est lundi soir qu’Esku Pilota tiendra sa réunion de sélection…
Gérard Bouscarel