Cesta Pau Cup Qualité, émotion, champions, tout y était
C’était ce vendredi soir de 15 août, soir de finale. Finale au singulier puisque celle de plein soleil avait été interdite, reportée, dites le comme vous voulez, cela revient au même, elle n’avait pas lieu, laissant nos quatre mousquetaires palois de la place libre, au rang de spectateurs de la finale qui se jouait, celle là, sous les sunlights d’un jaï alaï dont on n’avait jamais autant vanté les bienfaits de la climatisation.
Cette finale au singulier donc était également singulière puisque celui qui, chouchou du public dès la sortie du couloir allait passer sa soirée en tête des applaudimètres, celui-là était également le seul du quatuor, concerné par la qualification pour les « Slam », autrement dit le cran supérieur de la compétition qui bouclait à Pau le dixième et dernier master de la « summer league ».
Les « Slam » en pointillé
Oui, oui, on sait tout ceci n’est pas de la première simplicité et encore vous fait-on grâce de l’enchevêtrement du classement par fronton sur le classement général au bout duquel les quatre meilleurs avant et les quatre meilleurs arrières sont admis en dernière semaine, celle des « Slam », plus gratifiants bien sûr et mieux rémunérés, ce n’est pas négligeable pour des pros…
Donc maintenant que vous êtes éclairés sur les rouages de la « summer league » on peut vous dire ce qui agitait les coursives paloises à l’heure où les ténors n’étaient pas encore dans leur habit de lumière : la qualification de David Minvielle ou pas! Et là, pas de règle à calculer à sortir, non, ou bien le tout récent papa d’un petit Gorka -félicitations à Marion aussi et tous nos vœux au chérubin- s’imposait et il chipait le dernier fauteuil à Mancisidor, ou il s’inclinait et il restait derrière la porte.
La « gagne » ou la « der »
Davantage même, on ne le reverrait plus à Pau, le gant à la main au moins. Le quadra au naturel sympathique s’en irait sourire au lèvres, comme il était toujours arrivé, comme il a toujours su sourire en fait. Il avait lui même choisi cette campagne pour être la dernière de sa carrière.
Et David Minvielle a perdu ce vendredi soir à Pau. Il s’est incliné avec Johan Sorozabal. En trois manches, au terme d’une « belle » dont il faudra qu’on nous dise un jour d’où lui vient ce mot « belle » quand c’est, en cinq points quelque chose d’affreux, d’horrible sauf pour les amateurs de sensations fortes. 13-15, 15-13 vous devinez déjà l’âpreté du duel mais 1-5 pour finir, faut dire que démarrer par un but faux c’est pas le meilleur signal…
Haut sur l’échelle de la qualité
Leurs vainqueurs : Xabier Barandika et Gorka Sorozabal le frangin de l’autre. On aurait peut-être du commencer par eux d’ailleurs, puisque le sport flatte d’abord ses lauréats. Mais on les sait capables de s’effacer aussi quand la soirée se charge de plus d’émotions qu’à l’ordinaire, quand il s’agit de saluer un champion, mieux un monsieur, avec un grand M, David Minvielle est tout cela à la fois.
Donc, les frères Sorozabal plus que confortablement installés dans un classement qu’ils dominent, Xabier Barandika pas concerné par le classement de Pau donc ne pouvant y revenir pour le slam, il n’y avait qu’un succès à glaner, celui du Master 2 de la Pau Cup. Pensez vous que ce fut suffisant à ce que la partie côtoie les sommets. Vous avez répondu oui et vous avez raison, cent fois raison.
Barandika en chef d’orchestre
Avec un Barandika plus souvent chef d’orchestre que simple violon pour diriger la pelote là où il le voulait avec une force parfois bestiale parfois sans force aussi et plus calin, avec deux frères qui se chamaillaient à grands coups de gants très précis, deux frères très ennemis en fait, et avec un Minvielle propre, vaillant, juste, un Minvielle très « Minvielle » en fait, la cesta punta montait haut sur l’échelle de la qualité, de l’élégance, de la puissance. La « Pau Cup » scintillait et les gradins se régalaient. Ce n’était pas coup par coup que les attelages se rendaient, non c’était des échappées que l’on croyait définitives, foudroyantes et qui ne l’étaient pas. A 11-8 première manche pour le basque de Biscaye, le grand et brun biarrot vint lui laisser sa carte de visite : 12-11 et même 13-12. Le finish fut « blanc » et Minvielle grillait un joker.
Ils en grillaient un second, Johan et lui quand, menant 9-5 ils encaissèrent un 7-1 (10-12) qui les fit vaciller. Vaciller, mais pas tomber. La preuve leur sursaut leur valait d’équilibrer les comptes et David Minvielle ajoutait une prouesse en allant sauver une pelote dite impossible, la pelote de l’espoir (15-13)…
On ne se quitte pas encore
La belle on le sait n’entretint pas longtemps cet espoir, elle démarra trop mal pour être redresser.
Les vainqueurs étaient de beaux vainqueurs. Les perdants étaient de beaux perdants. On allait pouvoir se quitter sur cette ultime révérence de David Minvielle, dire au revoir à celui qu’on ne devait plus revoir… Oui mais c’était à Pau et nulle par ailleurs, à Pau où Jean Olharan n’est pas seulement un frère d’armes mais un frère tout court. Et à un frère on ne refuse rien alors David Minvielle l’été finissant ne rangera pas tout à fait le gant, il le remettra pour la « Cesta de Nadaü » .
C‘est une info et c’est déjà un joli cadeau de Noël.
Gérard Bouscarel
Reportage photo de Raymond Cazadebat