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II-Made in Miami

C’est à Miami, au soleil de la Floride qu’Eric Irastorza, sur lequel a veillé « the King » allias Daniel Michelena, a construit une carrière d’exception. Grand, large d’épaules, très féru de préparation physique, il ne lui a pas fallu des mois pour imposer ses atouts, une droite dévastatrice, une grande dextérité, une étonnante mobilité, pour devenir celui qui a, dix ans durant, été numéro 1 des arrières.
13.11.2025
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« Quand je suis arrivé à Miami j’étais champion du monde espoir et champion du monde amateur. La première chose dont je me suis aperçu c’est que je n’étais personne, personne, sinon le nouveau. »  

Qui sait si sans Daniel Michelena, « the king », le roi devant lequel tout le monde s’incline en Floride, le roi qu’il retrouve, Eric Irastorza aurait réussi à forcer, aussi vite, les portes de la reconnaissance, à briser tous les obstacles. Il n’y a pas qu’à Dallas que l’univers est impitoyable, la pelote professionnelle aux USA est aussi une jungle. La question ne se pose pas pour Eric Irastorza. Daniel Michelena est bel et bien là quand il arrive et, après avoir été de bons conseils en France, il va s’attacher à favoriser son intégration, son adaptation à son nouveau  milieu, celui des parties disputées en quiñielas*, celui des paris, celui de l’argent, puisque plus tu gagnes dans le jaï alaï et plus tu touches de dollars, en plus de ton salaire. C’est le but du jeu.

Le « cuadro », c’est pas une équipe !

Monsieur Benny Collett, le patron du casino de Miami qui propose aux parieurs de jouer les numéros floqués en gros sur les maillots des puntistes, a donc fait signer une cinquantaine de contrats à des joueurs de tous les horizons, Laurent Alliez fut de ceux là, « c’était un très très bon joueur, Laurent » note Eric. Ils forment son « cuadro ». On dit « cuadro » puisque le mot d’équipe n’est pas du tout adapté, bien au contraire, dans le « cuadro » c’est chacun pour soi. Écoutons la définition qu’en donne celui qui découvre : « Quand tu arrives dans le cuadro tu es le nouveau que l’on regarde de haut en bas, et puis pour peu que tu gagnes tu deviens un concurrent, et si tu gagnes encore tu es désormais un adversaire. En gros tu repars de zéro face à des gens qui veulent ta peau. Il faut donc être très compétitif très vite et avoir beaucoup, vraiment beaucoup, de mental. »

« Je jouerai avec le nouveau »

Compétitif n’est pas le problème pour Irastorza, non, il est arrivé à Miami en ayant mis dans ses bagages cette « droite » ravageuse qui va le suivre tout au long de sa carrière, le suivre mais aussi le porter. « Sa droite ? Elle était énorme et faisait mal, »

note Jean Olharan qui gagna avec lui une demi-finale de Cesta Pau Cup en 2022**. Jean Marc Olharan parle lui d’une « arme redoutable » à la disposition d’un joueur qui était aussi « un adepte de la préparation physique », « Eric ne jouait que pour gagner, et il a tout gagné », poursuit l’expert.

On a été un peu vite en besogne, revenons en 1998, l’année où Eric Irastorza découvre les règles du « cuadro » et les bouscule.  C’est sa « fameuse » victoire dans le plus grand tournoi de Floride, le NAJAF (***). Il est doté de 150.000 dollars. Arrivé depuis peu dans le « cuadro », Eric Irastorza n’en est pas, jusqu’à ce que Daniel, l’arrière américain partenaire de Daniel Michelena se blesse.  Son remplacement, c’est Michelena qui le règle. Eric Irastorza n’a pas oublié comment son mentor l’a imposé: « non, non, je jouerai avec le nouveau, pas de soucis, ce sera lui et personne d’autre », assène Michelena.  Avec le « nouveau » il remporte le tournoi. Le luzien vient de mettre son compatriote bidartar sur orbite, il y reste une décennie entière. Le soleil brille encore plus fort sous le ciel de Floride.

Il joue six jours sur sept

Pour ce faire, il domine bien évidemment ses adversaires mais pas que. Il supporte aussi le rythme soutenu des quiñielas. Il joue six jours sur sept, avec une double session les mercredis, vendredis, samedis, soit, ces jours là, une présence dans le jaï alaï de 13 à 17 heures d’abord puis de 21 à 1h du matin, « avec la volonté de toujours donner le meilleur de moi même par respect pour les gens venus parier » précise Eric Irastorza qui nage une demi heure le matin, avant d’aller jouer et qui récupère dans les bains turcs après avoir joué...

Donner le meilleur de lui même, c’est encore son leït motiv, quand chaque année il revient au pays. Eric Irastorza ne rentre pas pour se ressourcer, pour refaire le plein d’énergie, non, s’il admet que c’est « une nécessité », c’est celle de « garder et pérenniser mon statut. » Il n’y aurait donc pas de plage pour le repos dans l’emploi du temps d’Eric Irastorza ? Pas non plus de coup de blues, jamais de déprime ? Quand Jean Marc Olharan nous disait que « le grand » était un adepte de la préparation physique, il donnait une idée de sa réponse : « non, la seule fois où je suis rentré durant la saison, c’est lors du décès de ma maman en 2009. Je n’ai jamais non plus déprimé, jamais été saisi par le doute, tu ne peux pas en jouant tous les jours. Il faut avancer. Alors, que tu te remettes en question de temps en temps oui, mais ça ne va pas au-delà.»

Aucun commentaire dans les médias

Il ne souffre pas davantage de l’anonymat ou  presque du milieu dans lequel il évolue désormais. C’est qu’aux USA, les médias ne publient rien de plus que les résultats secs des tournois pour leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs, c’est la loi, elle interdit tout le reste, commentaires, interviews, magasines, aux sports dans lesquels circule de l’argent. Et il en circule, les « paris pouvaient atteindre jusqu’à 300.000 dollars en quatre heures de jeu » souligne Eric Irastorza en rappelant que la règle numéro 1 interdit tout contact entre les joueurs et les parieurs. Le travail terminé, il quitte donc le casino sans attendre, pour profiter de cette Floride et de cette ville de Miami dont il adore ce soleil radieux au quotidien, et puis dont il adore encore l’ambiance de ce job qui est une passion, une passion dont il vit de surcroît.  Eric Irastorza est sous le charme soit, mais dans son esprit tout est clair, s’il s’est expatrié aussi loin, c’est avec un objectif à priorité absolue, triompher avec son gant.

Et, le joueur à la droite meurtrière, « la mobilité stupéfiante et l’adresse étonnante », dixit Jean Olharan, est très vite devenu une « machine à gagner, » un digne successeur du roi,  un « number one ». Aussi appartient-il aux quelques rares joueurs du cuadro, trois ou quatre, pas plus,  auxquels Mister Collett, le « boss » accorde de ne jouer que huit ou neuf mois au lieu des onze  stipulés dans le contrat, « C’est un privilège » se souvient l’intéressé qui a toujours eu la reconnaissance dont on dit qu’elle vient du ventre, et qui a toujours dit haut et fort qu’il « était un privilégié ».

Une seule blessure en carrière

La longévité au plus haut niveau, la détermination à « chaque soir être le plus performant possible », Eric Irastorza, la doit à son hygiène de vie, le soin apporté à sa préparation, sa régularité à l’ entraînement . C’est ainsi que l’on éloigne le danger le plus redouté de l’athlète : la blessure. Des trois dont il a été victime, une seule le fauche net, en pleine saison, c’est en 2004, à St Jean de Luz, lors du mondial, son tendon d’Achille le lâche. Les deux autres sont plus des rappels à l’ordre de son âge, de son corps et de ses articulations, c’est qu’il est « quadra » quand il faut poser deux capsules de titane sur la tête de l’os du col du fémur (2020) et plus encore quand son mollet lâche à Biarritz, lors du mondial, encore (2022).

La longévité de sa carrière lui vaut encore de vivre, le revers de la médaille, le déclin de la poule aux œufs d’or, la chute de l’empire, le rachat des frontons par des fonds de pension « qui ne permettaient plus de vivre de notre métier ».  La désaffection des parieurs qui préfèrent désormais les machines à sous ou le poker est si cruelle que les 300.000 dollars de paris dont il parlait en 98 sont divisés par dix en 2017, 30.000 dollars, le futur n’est plus à Miami, plus aux states tout simplement, la dernière soirée d’Eric Irastorza dans ce fronton mythique  est « naturellement chargée d’émotions, » comment pourrait-il en être autrement, mais il manque tout de même une dimension humaine à ce chant du départ, du départ on dit bien du départ pas de la retraite…

« Katrin » son nom de guerre au Mexique

Il y a encore de l’envie dans le gant d’Eric Irastorza quand il quitte la Floride… pour ne pas aller très loin, enfin façon de parler, sa destination, le Mexique c’est l’autre côte des États-Unis, et l’autre côte c’est tout de même six fuseaux horaires plus à l’ouest !   Quand la Floride assiste à la fermeture de tous ses frontons ou presque dans les casinos, Mexico rouvre le sien, c’est un monument qui vient de faire une belle cure de jouvence après 20 ans de fermeture. La réouverture fait la « une » des informations télévisées, et toutes les huiles se pressent derrière le ruban inaugural.  Même si ses hanches « commencent à couiner » Eric Irastorza ne voudrait pour rien au monde rater l’évènement. Il a bien fait parce que les mêmes maux causant les mêmes effets, Mexico n’est qu’une parenthèse éphémère, deux ans et puis plus rien. « Tout est passé aux oubliettes, » Katrin, ne sévirait pas comme à Miami. Katrin c’est le surnom que les mexicains donnent à Irastorza, « Katrin » c’est la conjugaison, chez les ancêtres de ce peuple, de la force et de l’élégance. La force et l’élégance, tout Irastorza en somme.

(*) Pour rappel, la quiñiéla, sert de support aux paris: chaque équipe porte sur son maillot de couleur différente un numéro, de 1 à 8 en général. La première équipe à 9 points a gagné. Sur chaque point joué, seule l’équipe gagnante du point continue. La perdante sort et cède sa place. Ainsi les équipes se succèdent sur la cancha.  

(**)  Jean Olharan et Eric Irastorza se qualifient pour la finale du Master de la Pau cup, huit jours plus tard, mais Eric Irastorza se blesse à St Jean de Luz dans la semaine et doit déclarer forfait.  

( ***) NAJAF, c’est la contraction de National Association, Jaï Alaï and Fronton.

Gérard Bouscarel

A suivre

III- Eric Irastorza, les paris de Pau

Nos photos de gauche à droite (reproductions Internet):

*Eric Irastorza avec le numéro1, numéro qui lui va si bien.

*Miami 2009, réunion de pelotaris avec, debout derrière Pampi Iraola le seul rugbymen luzien de la bande (aujourd’hui décédé), au second plan, le regretté salisien Christophe Girard,  Manu Laduche, Olivier Pédrouzo, Daniel Michelena, Danny Erdocio.

Au premier plan, Patxi Tambourindéguy, Eric Irastorza, Jean Pierre Etcheverry et Jean San Esteben, (décédé en 2020).  

*Remise du trophée au fronton de Miami qui a battu celui de Dania. En jaune et numéro 6 Eric Irastorza. On reconnaît Goikoexea, numéro 5, Aritz Erkiaga derrière lui, Imanol Lopez, barbu à l’époque derrière le joueur numéro 4, et Manu Laduche derrière Arrasaté qui tient le trophée.

*Vainqueur du tournoi tête à tête du « Citrus »  Eric Irastorza est récompensé par Mr Etchaniz, le patron du jaï alaï d’Orlando.

*Eric Irastorza (5) meilleur arrière de la saison, Daniel Michelena (4) et Adam sont récompensés par Mr Benny Collet (à dr) le patron du jaï de Miami et Arrasaté l’intendant général (à g).

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