Jean Olharan, version US à Dania

Jean Olharan s’est prêté de bonne grâce, et avec le sourire, à toutes les sollicitations et autres obligations d’un champion une fois la finale de la « Cesta de Nadaü » terminée. Avec le sourire oui mais aussi avec une montre dans la tête… C’est que son retour en Floride ne lui offrait pas une latitude horaire des plus amples s’il voulait être au fronton du casino de Dania à 18 heures le soir même et reprendre la compétition qu’un peloton de puntistes de chez nous, dispute, sous forme de quiñiélas, depuis le 3 décembre et jusqu’à la fin du mois de février.
Colocataire avec Johan
Le timing de la famille, puisque Morgane son épouse et Amélia, sa fille l’accompagnaient pour passer les fêtes de Noël ensemble, était donc serré, avec l’impératif de quitter le Béarn suffisamment tôt, sachant que le vol pour Miami décollait de Bilbao à 6h 45 et qu’il lui faudrait rejoindre la Biscaye, au moins jusqu’à la frontière, par route la Nationale.
Jean Olharan a bien dormi dans l’avion, apprit-on, il était donc en tenue pour défendre sa deuxième place au classement cumulé des quiñiélas, deuxième place derrière Johan Sorozabal, l’ironie du sort voulant que le biarrot et le palois soient colocataires en Floride. On se souvient aussi que c’est lors de leur duel en mur à gauche, à l’occasion de la rencontre Europe-Amériqueque, que le cadet des frangins s’est blessé, entraînant son forfait au tournoi des « winters series » à Gernika et son remplacement par… Jean Olharan.
Les jambes en coton
« Je vais certainement avoir reculé un peu vu que je n’ai ni joué vendredi ni samedi » plaisantait le palois avant de prendre la route au terme d’un séjour éclair de… 31 heures au pays.
Pas question de regretter quoi que ce soit pour autant, ni la finale de « Nadaü » ratée et bien ratée, ni sa possible descente provisoire du podium à Dania, ce voyage éclair il en connaissait les contraintes dès le soir où il a proposé à David Minvielle qu’il finisse, comme ils avaient commencé « ensemble ». Il les a assumées, de là dire qu’il recommencerait ce n’est peut-être pas aussi sûr, « Oui j’ai payé un peu tout, je pense avoir atterri un peu sur le bout des ailes » plaisantait-il pour expliquer que très vite sur la cancha paloise il avait eu « les jambes en coton » !
Le quotidien des Qiñielas
Ces 31 heures là étaient particulières, très particulières , elles étaient un hymne à l’amitié, celle de deux joueurs et puis par la magie d’une soirée, celle d’un jaï alaï tout entier, qui n’avait jamais, peut-être été aussi rempli. Elles valaient de l’or quitte à être de plomb le temps de l’acte de la partie sportive.
Aujourd’hui, Jean Olharan a retrouvé son quotidien, celui des quiñiélas, d’un public fait de parieurs, d’un ordinateur qui compose les « double » en empruntant un système cher à la NBA , la draft, elle tente d’égaliser les équipes en associant les meilleurs aux moins bons. Ca fait sourire Olharan : « au début je joue quatre quiñielas avec Gorka Sorozzabal, j’en gagne 3, idem avec Mandiola, on fait trois sur quatre, depuis je n’ai plus jamais joué avec eux... »
Dania, le dernier résistant
Un petit rappel, pour dire que le casino de Dania fut le dernier à cesser l’activité « cesta punta » et le premier à la remettre au goût du jour, il fut suivi par son voisin de Miami. Ces deux casinos entretiennent donc la tradition qui voulut que la côte est des États-Unis soit, des décennies durant, le paradis des joueurs de cesta punta. Elle ne l’est plus et il n’est pas question pour la vingtaine de joueurs partis disputer la saison de Dania d’aller chercher fortune, comme à l’époque où chaque casino devait présenter deux activités sportives pour obtenir la licence d’exploitation, c’était le plus souvent la cesta punta et la course des lévriers. Les paris généraient alors une économie importante, les joueurs étaient des stars suivis par la gentry de Floride notamment. Les limousines se serraient sur les parkings et le champagne coulait à flot. L’intérêt de la mafia pour cette source de revenus, l’apparition des machines à sous, l’usure des parieurs, la loi supprimant l’obligation des deux activités extra sportive ont peu à peu fait descendre la punta de son piédestal jusqu’à ce qu’elle tombe en ruine et disparaisse du paysage...Aujourd’hui, sous l’impulsion d’un homme Benny Bueno elle essaie de renouer et c’est Dania qui est la tête de pont, avec ce tournoi qui intégrera le circuit de la « jaï alaï league».
Un rythme soutenu
Comment se déroule la saison à Dania ? Un groupe de 22 joueurs sous contrat, à grande majorité européenne, dispute en tête à tête mais aussi en double parfois et quotidiennement une série de quiñielas faisant l’objet d’un classement qui récompense financièrement les trois premiers. Neuf quiñielas sont au programme quotidien du casino qui ne fait relâche que jour le lundi et le mercredi . « Personne ne joue les 9, tu peux en jouer 5, 6, voir 7 grand maximum » précise Olharan qui privilégie les tête à tête, « là tu peux marquer beaucoup de points, le double c’est différent tu n’es pas maître. » Le rythme est ensuite soutenu avec une seule séance le mardi mais elle est continue de 12 à 21 heures, une seule séance unique les jeudis et vendredis, puis on double encore le samedi de 12 à 23 heures avant de rejouer une seule série le dimanche. Est-ce que Jean Olharan trouve son compte dans ce système de quiñielas ? « Absolument » dit-il tout de go. « Tu joues tous les jours, tu marques des points, oui c’est chouette » poursuit le palois qui ne s’inquiète nullement pour ce qui est de sa qualification pour le tournoi de fin de mois.
Le renfort de madame...
Là se retrouveront les huit meilleurs avants et les huit meilleurs arrières, ils sont onze au départ, pour disputer un tournoi plus conventionnel avec des parties en 2 manches de 15 points et une belle si besoin avec des parties éliminatoires à partir des quarts de finale.
Comment vit-on entre garçons en dehors du fronton, sachant que tout ce qui est logistique est à la charge des joueurs, le plus simplement possible, il suffit d’écouter Jean Olharan : « Avec Johan on a loué une maison et une voiture ». Pour ce qui est de la restauration, le palois a laissé, tout sourire, le biarrot le soin de jouer les cuisiniers en chef... » Gageons que les deux garçons verront avec l’arrivée de Madame Olharan, en vacances jusqu’au 5 janvier, comme celle d’un sérieux renfort, côté cuisine s’entend...
G. Bouscarel
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