Pau cup finale Jean Olharan: "ce serait bien d'en prendre une'

Sur la cancha qu’il connaît le mieux, et pour cause, il la fréquente au quotidien, que ce soit pour lui, ou avec les enfants de l’école de pelote dont il est l’un des éducateurs, Jean Olharan va disputer sa troisième finale de « summer league » celle de Pau, qui met un point final à la campagne 2025. Et curieusement depuis sa victoire en demi finale contre les frères Sorozabal, la semaine dernière il est le seul dans ce cas. On dit curieusement dès lors que si l’on remonte le temps, on retrouve la période où sa qualification pour les « slam » (*) était loin d’être acquise, elle se joua si nos souvenirs sont exacts, sur une défaite de Ludovic Laduche. Il héritait alors du dernier des quatre billets réservés aux avants et il jouerait systématiquement avec le numéro 4 des arrières. Autrement dit, son parcours ressemblait à celui du combattant !
« Deux finales et demie pas trois »
Quand on lui présente la chose ainsi, Jean Olharan n’acquiesce franchement pas et met tout de suite un bémol sur les trois finales disputées, il ne s’en octroie que deux puisqu’il joua, rappelle t-il, « celle du gant d’or de Biarritz en remplacement d’Aritz Erkiaga, blessé ». C’est d’accord, mais il la joua bel et bien ! Ce qu’il relève aussi c’est que si « jouer des finales c’est bien, en gagner quelques unes c’est encore mieux », et pour l’instant il n’a pas gagné... Or, il ne lui reste plus qu’une seule chance de ne pas faire comme il le dit « le grand chelem à l’envers, ce serait c...», c’est ce vendredi et il le sait, il ne sera pas plus favori contre le duo basque Erkiaga-Lékérika qu’il l’était contre les deux frangins en demi finale.
« Nada que perder »
C’est même un nouveau très haut sommet qui se dresse devant le palois et son arrière Mikel Manci. Mais le Jean Olharan vu à St Jean de Luz et plus encore à Pau lors de la demi finale, n’est peut-être plus le même que celui qui dut cravacher pour ne pas rater la frontière « Master-Slam », on a écrit peut-être pour la bonne raison que le champion n’est pas non plus tout à fait d’accord avec cette vision de sa saison, cette analyse de ses parties et de même quand elles viennent de voix aussi autorisées que celles du sélectionneur national, « Fifi » Etcheberry… On aura sa façon de voir les choses et son ressenti plus avant, dans l’interview, qu’il nous a accordé. Son partenaire, Mikel Manci pour la pelote, Mancisidor pour l’état civil qui fut la bonne et même très bonne surprise de la soirée ne fait pas lui mystère des intentions avec lesquelles il reviendra de Mutriku avec son papa : « Nada que perder » (**) nous confiait-il dégoulinant de sueur dans les vestiaires où il finisssait d’arriver en arborant un très large sourire, comprenez « rien à perdre »…
Pour en revenir à Jean Olharan, à moins qu’il y ait dans ses propos un peu d’intox, ce qu’on ne croit pas, tant ce n’est pas le genre de ce milieu des puntistes qui ne sont « à couteaux tirés » que le temps des manches et qui, pour le reste s’apprécient plutôt. C’est, entre parenthèses bien mieux ainsi, puisque la punta a cette particularité de faire de deux coéquipiers d’un soir, des adversaires d’un autre soir… Jean Olharan nous semble plutôt prendre les choses avec la philosophie de celui qui a suffisamment de vécu aujourd’hui pour les relativiser, pour les voir autrement, de l’intérieur et il ne manque pas d’exemples concrets démontrer que la frontière entre le pays du mieux jouer et celui du moins bien jouer est si étroite, si fine, qu’elle ne mérite pas toujours le flot de conclusions qui lui reviennent… Vous comprendrez qu’on a parlé de la finale mais pas que, puisqu’il avait entr’ouvert la porte de son jardin, non pas secret, mais très personnel…
Jean Olharan: « Bien jouer, mieux jouer, c’est très relatif »
As-tu des nouvelles de Aritz Erkiaga depuis sa venue à Pau et sa qualification ?
Jean Olharan : « Absolument pas, je n’ai aucune nouvelle, sinon qu’il n’a pas joué depuis la partie que vous évoquez, je pense qu’il s’est surtout soigné... »
Par contre te concernant, trois finales de « Slam » jouées c’est presque inespéré ?
-J.O : « Pas trois finales, deux, je n’étais pas qualifié pour le gant d’or de Biarritz , je ne fais que remplacer Aritz Erkiaga. »
Oui mais on peut aussi argumenter que si tu remplaces c’est le classement qui te le permet et puis qualifié ou pas tu joues ?
-J.O : « Donc on va trancher à deux finales et demi puisque tu y tiens! »
Et est-ce que ça fait une bonne summer league au final ?
-J.O : « Oui, ce n’est pas une mauvaise saison, mais elle serait belle avec une victoire au bout. Il y a une semaine, Johan Sorozabal pouvait encore penser à la passe de trois et vlan, il passe à côté. C’est dire si c’est difficile de réaliser le sans faute, d’ailleurs il ne s’est fait qu’une fois je crois en cinq éditions. Moi, je peux encore le réussir... mais à l’envers… C’est plus facile (rire) non, plus sérieusement j’aimerai bien en gagner une. »
Surtout à Pau de surcroît ?
-J.O : « Pau, oui bien sûr, c’est à Pau donc il y a le contexte, mais le tournoi, la partie c’est comme tous les autres ceux de Saint Jean, ceux de Biarritz, ceux de Gernika. Mais on va dire que c’est la plus importante puisque c’est la dernière. Après, c’est difficile de calculer ou de choisir… Saint Jean je l’avais coché sur mon calendrier, je pensais qu’avec Gorka on pouvait la gagner contre Johan et Lopez. On est mené 10-4 dans la première manche, donc à la rue, on revient 11-11, on mène 14-13 et on perd la manche, c’est un scénario surréaliste ! »
C’est un peu ce qui se passe à Pau, vendredi dernier vous êtes loin même très loin d’être donné favoris, on dit bien qu’il faut jouer les parties mais sur le papier les Soro sont devant ?
-J.O : « Voilà, on n’était pas donné gagnants et c’est la logique même sauf que Mancisidor est très fort et que les Soro sont un peu moins bien, usés peut-être, peu importe un peu moins bien. »
Et puis il y a un Jean Olharan qui voltige, neuf points gagnants dans la première manche, tus marches sur l’eau ?
-JO : « Neuf points oui, mais là encore il faut relativiser. Sur les neuf il y en a quatre en contre, c’est à dire que c’est des points que tu fais parce que tu défends bien, mais c’est ton adversaire qui a attaqué donc qui a pris les risques. J’aurais tout aussi bien pu perdre les quatre. Des points bien faits, construits il y en deux ou trois. »
Donc tu ne vas pas accepter de gaîté de cœur qu’on dise un peu comme tout le monde que tu termines mieux que tu n’avais commencé ?
-J.O : « Les résultats n’étaient pas top, ok, mais je ne jouais pas si mal que ça… A Pau, Laborde se blesse d’entrée de 3ème manche et on perd, à Biarritz, avec Lopez on se fait manger par Oyhenard qui sort une grande partie et nous élimine… Et à la sortie il ne gagne rien comme quoi c’est fragile »
C’est pourtant le sélectionneur national Fifi Etcheberry qui dit sur Canal Plus, lors de la finale de St Jean, « voilà le Jean qu’on aime, celui qui retrouve toutes ses qualités. Il y a du vrai non ?
-J.O : « Fifi il est gentil, il ne dit jamais du mal de personne et il m’aime bien, alors (rire) !
Moi qui m’apprêtait à te de demander comment tu avais fait fait pour terminer la « summer league » en boulet de canon, je vais me faire renvoyer du revers et de la droite en même temps ?
-J.O : « C’est parce que je gagne davantage que vous vous faites à cette idée, mais je ne pense pas beaucoup mieux jouer, c’est simplement que les points qui ne rentraient pas il y a deux mois rentrent en ce moment. Et pourtant tu les joues de la même façon, ces points... »
…
« Tiens, cet année, je joue trois parties qui vont au bout du bout: 5-4 troisième manche. Je perd en avril à Zumaïa contre Manci qui du revers colle une pelote impossible à « eréboter ». Je gagne à Saint Jean avec Gorka sur une improbable faute de gant de Ludo Laduche, quatre jours plus tard à Biarritz, avec Gorka toujours contre Laduche et Lékerika c’est Gorka Soro qui réussit un pivc au fond qui nous fait gagner… Où est la notion de bien jouer où de ne pas bien jouer. C’est le sport et pas que le notre, des fois ça marche des fois ça ne marche pas. »
Bon, il faudra bien jouer vendredi c’est une certitude, mais que faudra-t-il faire de plus ?
-JO : « Peut-être choisir des pelotes neuves et « mortes » pour ne pas s’exposer à la droite de Lékérika… Après, essayer de faire jouer Erkiaga un minimum, mais bon il va rentrer d’une manière ou d’une autre… Le faire jouer au contraire c’est dangereux car avec lui ce n’est pas souvent attaque-contre attaque... »
Le public palois a découvert ton arrière vendredi dernier, tu as joué deux fois avec lui cet été , peux tu nous en dire un peu plus ?
-J.O : C’est un garçon très gentil déjà. Il possède un joli revers, un peu moins de droite mais on ne peut pas tout avoir… Il est très physique et ne lâche jamais rien, c’est un style de jeu qui rappelle celui de Nicolas Etcheto. Il couvre beaucoup de terrain et il est capable d’aller chercher des "gauche à gauche".»
Tous les esprits sont tournés vers cette finale et c’est logique, la page va pourtant se tourner, quel sera ton programme
-J.O : « Le championnat de France va vite prendre le relais puisqu’il débute le 15 septembre. La première phase, neuf matches, mènera jusqu’au 15 novembre avant de faire une pause comme l’an dernier puisqu’un contingent de joueurs, dont je suis, ira disputer la saison américaine de Dania du 4 décembre au 28 février. J’espère pouvoir rentrer jouer la Cesta de Nadaü en décembre et puis au retour des USA on jouera les phases finales du championnat. Ensuite on reprend l’enchaînement de chaque saison avec le All Star de Saint Jean pour ouvrir le bal. »
Recueilli par Gérard Bouscarel
(*) Au départ de la « Summer league », ils étaient 20 joueurs (10 avants autant d’arrière) engagés sur les 10 « Masters », ainsi répartis: quatre à Biarritz et Saint Jean, deux à Pau. Chaque équipe a marqué des points d’où un classement général qui a retenu les 4 premiers avants et les 4 premiers arrières pour disputer les « Slam.»
(**) Rien à perdre.