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I - Le grand et le gant

Eric Irastorza était, à l’occasion du premier duel intercontinental Europe-Amériques, le capitaine tout désigné d’une sélection européenne qu’il a conduit au succès. Le succès, ce fut le leït motiv d’Eric Irastorza sur la cancha, notamment celle de Miami, où il passa 20 ans. A cette occasion on entame une série d’articles revisitant la carrière d’Eric Irastorza, le roi de la punta.
7.11.2025
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Introduction

Jean Marc Olharan que l’on considère, entre autre chose, comme le « monsieur cesta punta » du club, lui réserve, sans sourcilier, sans la moindre hésitation, une place dans son « hall of fame », traduisez le musée des célébrités, même si pour l’heure il reste dans son imaginaire. Là, il siégerait aux côtés des Patxi Txurruka, « le sultan », José Miguel Rezola « Tximela », Alex Goïtianda, « Goyogana », Francisco Berrondo, « l’esthète » et quelques autres triés sur le volet, avec comme point commun, un surnom, c’est le sommet de la reconnaissance.  

Eric Irastorza eut un surnom lui aussi, il fut « le grand », ce qui avait l’avantage de couler de source pour un champion mesuré à 1m 95, mais manquait quelque peu d’originalité.

Les mexicains, y remédièrent lorsque de Miami, il fit un crochet sur la route du retour et s’arrêta à Mexico, prolongeant de deux ans l’aventure américaine. « Katrin » y fut son nom de « cancha ». « Katrin » c’est, au pays du sombrero, le mélange de la force et de l’élégance, ça lui allait comme... un gant.

Il dit aussi, Olharan, qu’Eric Irastorza, natif de Bidart, 50 ans en août prochain, envergure comparable à celle de l’albatros, a « donné une nouvelle dimension à ce sport ».

La cesta punta française tient avec lui et Pierre Etchalus, le souletin, les seuls champions du monde qui se soient imposés en terre basque espagnole, c’était en l’an 2000, souvenez-vous, l’Europe passait à l’Euro. En Biscaye, là où la cesta punta est culturelle, sacrée, et terroir de seigneurs, leur succès était un véritable affront fait à l’honneur des basques. A l’inverse, Eric Irastorza évoque un « kiff absolu ».

C’est aussi le nouveau monde, la côte Est des États-Unis, la Floride, Miami, le paradis de la cesta punta, qu’il a mis à ses pieds durant vingt ans. Vingt ans, au pays de l’oncle Sam, où son son règne se prolongea dix ans! Dix ans au sommet c’est énorme. Le chiffre parut lui plaire puisqu’il enleva, ici, à Biarritz, dix « Gants d’or, autant ou presque « d’Internationaux » à St Jean de Luz (9). C’est encore énorme.

On rouvre le grand livre de sa carrière, de ses débuts, de son actualité, de ses trophées, de ses activités.

Nous voyageons avec lui dans le temps en cinq étapes.

Nous voyageons avec une légende, parce que les légendes ne vieillissent pas, parce que  ce n’est pas tous les jours que l’on croise une légende, digne du « hall of fame » de Jean Marc Olharan et de tant d’autres.

I- Eric Irastorza, le grand et le gant

Un instant on a pensé que cette casquette éternellement vissée sur la tête, rehaussant, si besoin en était, le port élégant de l’athlète, était l’héritage de ses années américaines. Ils en sont très friands les américains de cette coiffe, l’assimilant même, dans les Universités,  à une carte d’identité, un signe de reconnaissance. Non, rien de tout cela, absolument rien, si Eric Irastorza et ses casquettes sont inséparables, « c’est simplement une habitude prise il y a quelques années », habitude qui s’est désormais doublée d’une utilité, le champion y promène parfois le logo d’un partenaire, une marque dont il est l’ambassadeur. C’est qu’avec ou sans casquette il se voit de loin « le grand »,  un surnom qui ne demandait pas à ce que l’on se creuse les méninges puisqu’il était tout naturel. Et c’est un excellent « produit » un champion de sa trempe.

Il est né pour être doué

Eric Irastorza était également ce qu’on appelle un beau bébé, il devint avec le temps un beau poulet, comme l’on dit dans nos régions, et ce fut, l’adolescence, franchie, un superbe athlète. Il fit de la pelote parce qu’à Bidart elle est dans l’ADN de la commune. On parierait gros que, natif de Bayonne ou de Biarritz, il eut épousé l’Aviron ou le  BO et fait un troisième ligne de grands espaces. On pense encore que s’il avait ouvert les yeux à Cholet c’est au basket et sous les panneaux qu’il se serait fait une place de pivot mobile. La nature dote parfois les uns davantage que les autres et Eric Irastorza fait partie de ceux dont le corps, la stature, l’envergure, disent au premier regard qu’ils seront doués pour tout ce à quoi ils s’essaieront.

Le creuset c’est l’école

Ce n’était pas un déménagement aux cinq cent diables, c’était une histoire de quelques kilomètres, entre Ustaritz et Bidart  Une petite vingtaine, du Pays Basque intérieur d’où partait la famille Irastorza, à celui de la côte atlantique où elle s’installait. A Bidart d’ailleurs le club de pelote c’est la « Kostakoak » autrement dit qu’en basque, « ceux de la côte ».

Chez les Irastorza, la pelote n’est pas une religion, son père, Béñat,  a bien, comme un peu tout le monde, basque ou pas, joué à la pala et Eric l’a accompagné, il a même « tapé » lui aussi gamin mais ce n’est pas ce qui provoque une quelconque révélation chez lui. Non, le creuset de la pelote à Bidart, c’est l’école, parce que l’école ce sont les copains et les copains ils jouent à la pelote, tous ou presque. Ce n’est pas très original on le concède mais c’est ainsi et l’histoire d’Emeric Libois, autre puntiste de l’endroit, déménageant de bien plus loin puisque venu de Belgique, est strictement la même que celle d’Eric Irastorza. Les copains qui jouent à la pelote. Les copains qui vous emmènent avec eux. Les copains qui vous font découvrir et puis... vous tombez ou pas dedans. Emeric comme Eric, et beaucoup d’autres très certainement y sont tombés et pas simplement, jusqu’aux genoux, tout entier

Un titre en appelle un autre et puis un autre...

« Mes parents me voyaient plutôt jouer au rugby » se remémore l’aîné que le gabarit déjà hors norme favorisa, « c’est vrai, j’étais plus grand et plus costaud que ceux de mon âge. » Oui, plus physique mais pas plus doué, peut-être même moins, au tout début.  

Il fallut bien sûr qu’il passe par la case « j’apprends ». Ce sport qui prolonge la main d’un long gant recourbé, n’est pas naturel, il s’apprend et à cet apprentissage, costaud ou pas, Irastorza s’y soumet comme tous les gamins de son âge. Davantage même puisqu’il part de plus loin. Le club, la Kostakoak, le collège à la villa Fal, le lycée au  sports études, René Cassin, le voilà rodé aux « deux murs », aux « errebots » et autres « cortadas ».  Dix mois, c’est la formation dont il a eu besoin pour le conduire à son premier titre chez les poussins en 1986. « Quand tu en as un, tu n’as qu’une hâte c’est aller en chercher un second et puis, tout s’enchaîne », le jeune Irastorza ne jura plus que par la cesta punta. Elle lui plaît, et c’est peu de le dire, « je ne jurai plus que par elle » le souvenir est vivace. Le rugby ? Il lui fournira un joli contingent de copains, et d’amis, il existe un temps pour tout au Pays Basque du moment que la fête en prenne un petit bout, histoire de réunir ses glorieux sportifs non pas tant pour refaire le monde que pour partager un moment de plaisir, et finir en poussant une  chansonnette ou deux.

Sur la cancha, beaucoup d’autres lauriers lui tressèrent des premières couronnes au jeune prodige. Seize au total dans les catégories de jeunes puisqu’il ajouta très rapidement à son physique, une adresse, une mobilité, en un mot, la faculté d’évoluer dans sa catégorie mais aussi celle du dessus.

Garcia-Irastorza, la razzia

Eric Irastorza ne part pas aux États-Unis au premier appel, à la première proposition de contrat, il n’a que 16 ans. Il attend d’en avoir 22 pour traverser l’océan. C’est donc à la Kostakoak qu’il continue de grandir, qu’il passe junior puis senior, catégories d’âge qui brisent les deux ans de différence le séparant de Laurent Garcia, son aîné. L’actuel président du club est lui un joueur de grand gant et de cesta punta depuis l’école de pelote. C’est même un très bon avant, Laurent Garcia.

L’association des deux joueurs propulse les maillots « noir et blanc »  et « bleu blanc rouge » au sommet de la hiérarchie mondiale, chez les espoirs d’abord, avec le titre   décroché en 1995 à Cuba et au bout du suspense, face à l’Espagne, 35-34 ! C’est une finale de feu… presque naturelle, elle se joue à... Cienfuegos!  Dans le prolongement tous deux s’installent en haut de la pyramide nationale avec les trois couronnes de Nationale A entre 1996 et 1998, la période d’invincibilité du duo. La razzia n’est pas terminée, elle atteint son apogée en 1998 avec la conquête du titre mondial chez les amateurs. Ils le décrochent à Mexico, face aux locaux, les frères Valdez !

Tous deux vont continuer à gagner, beaucoup gagner, mais chacun de leur côté puisqu’ils ont choisi de vivre la cesta punta différemment, l’aîné ancré au pays, le cadet tenté par l’aventure. Deux coupes du monde (2001 avec Patrice Berdoulay, à la Havane contre Cuba,  2005 avec Laurent Alliez à Accapulco contre l’Espagne) et deux championnats du monde (2002 avec Albert Ithuria à Pampelune contre l’Espagne, 2006 avec Xabi Inza, à Mexico) pour Laurent Garcia soit 6 couronnes au total, dix ans de leadership total à Miami et beaucoup, vraiment beaucoup d’autres succès sur ses terres pour Eric Irastorza. Et puis le destin a de la mémoire, et il est têtu, alors en 2006 c’est lui qui recompose le duo pour aller cueillir un nouveau « Gant d’or » le grand tournoi estival de Biarritz, qui réunit les meilleurs spécialistes des deux côtés de la frontière.

La rencontre avec Daniel Michelena

Une rencontre va influencer la carrière, sinon la vie, de celui dont toute la pelote sait désormais qu’il est bien plus qu’un « prospect », un sujet d’avenir. Or à l’époque cet avenir, l’argent aussi,  il est sous le soleil de Floride, à Miami, à Dania, à Orlando, à Tampa, mais pas que, les jaï alaï fleurissent dans d’autres casinos dans d’autres états. A l’âge d’or de la punta on en recense 16. La raison, c’est qu’un casino, pour disposer de la licence d’exploitation, doit justifier de deux activités sportives, les plus usitées sont les courses de lévriers et la cesta punta…

Revenons à la rencontre d’Eric Itrastorza avec Daniel Michelena, le luzien, son aîné de quinze ans, « the king », le roi des avants. Il est si bien là bas à Miami qu’il s’y  installe au-delà de la carrière sportive. En activité déjà, il est la courroie du relationnel entre les deux planètes de la cesta punta, celle d’outre atlantique et celle du Pays Basque. Il a l’oreille de Benny Collett, le grand patron du fronton de Miami. Bref, quand Daniel Michelena parle sa parole est de celle que l’on écoute, que l’on boit. Aussi quand, d’abord,  il conseille à Eric Irastorza de ne pas se brûler les ailes, de ne pas partir trop tôt, de continuer à gagner chez les amateurs avant de faire le grand saut, le « Grand » l’écoute et ses parents sourient. A seize ans, leur fils leur paraissait encore bien tendre pour répondre aux premières sollicitations. Il va grandir au pays de quelques années supplémentaires, et ainsi  va-t il, d’une part, poser plusieurs pierres sur la pyramide de ses succès et d’autre part, assurer ses arrières, au cas où...  Trois ans plus tard, il sort de l’école de commerce de Bayonne, avec un BTS en commerce international. La bosse des affaires sommeille aussi en lui.

Un nouveau monde à conquérir.

C’est donc, à 22 ans, bien plus armé, qu’il signe son contrat professionnel avec Benny Collett. Qu’il fait le grand saut. Il intègre le « cuadro » du fronton de Miami, fort d’une cinquantaine de joueurs, en décembre 1998. Le soleil brille sur la Floride et sur Miami Beach, là où il loge dans un appartement au 17ème étage d’un immeuble. Ce n’est pas très haut au pays des gratte ciel,  mais ça suffit à ce qu’il se lève avec tous les matins, de son balcon, une vue imprenable sur toute la baie. La mer, il a quitté la mer, pour retrouver la mer, il n’est donc pas dépaysé, en revanche, il a quitté une façon de jouer à la cesta punta et là il va en découvrir une autre, celle des quiñiélas et des paris.

Miami est désormais son univers professionnel, il n’ a plus qu’un but, qu’une raison d’être, qu’une hâte  le conquérir… Eric Irastorza est pressé. Il a posé les pieds sur le sol de la Floride  en se donnant quelques mois pour réussir. « Si je ne suis pas très vite dans les cinq premiers, je reviens » a-t-il dit en quittant la maison familiale!

Gérard Bouscarel  

Sur nos photos de Dany Erdocio

De gauche à droite :

*Méticuleux dans la préparation.

*Très adroit pour son gabarit.

*D’une puissance rare dans le bras.

*D’une très grande envergure.

A suivre : II- « Made in Miami »

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