Pierrou père et fils, de la "cancha" au GR 20!
Ne cherchez pas Christophe Pierrou ailleurs que dans le périmètre du complexe de pelote, il en a fait sa seconde maison avec, côté salon la version professionnelle du personnage, ce jour là c’était « Pau en forme » réservé aux adultes, et puis côté cuisine, la version passion du dirigeant de la section pelote de la Section Paloise, avec ce nom là que vouliez vous qu’il fasse d’autre que de la pelote ? Donc il est tombé dedans dès l’âge de six ans, ses première pelotes au Stadium de la gare où mamie Léo le descendait, sont aussi ses premiers souvenirs vivaces. Des entraînements avec Geoges Allliez, aux parties de papa qu’il suivait aussi, du compétiteur à un haut niveau, ne fut-il pas le plus haut de tous, à l’éducateur d’aujourd’hui qui se multiplie sans compter les mardis, les mercredis, les vendredis encore, et les week-ends bien sûr, le jeune quinquagénaire possède un bel éventail de connaissances de son sport. On dit « son » à dessein puisque ce fut celui-là et pas un autre, jamais. Faites en, avec tout ça un stakhanoviste, vous savez, la doctrine de travailleur infatigable du nom de ce mineur Alexis Stakhanov qui en six heures, une nuit de 1935, débita à lui seul 102 tonnes de charbon, soit 14 fois la norme, c’est permis, mais alors n’ omettez pas de moduler, car le fils de Gérard sait toujours lever la tête pour porter, ou poser, un regard au bon sens avéré, à la compétence certifiée. Il en est même, déjà, dans le cercle des dirigeants du club, beaucoup qui pensent le costume présidentiel taillé à sa mesure, sachant bien que la succession n’est ni ouverte ni à l’ordre du jour... En revanche, tout un chacun, sait combien ce garçon abat de tâches, gère de plannings, passe de coups de téléphones, écrit de SMS, corrige de gestes, reçoit de parents, accompagne de pitchouns, coach de plus grands à la demande et … cerise sur le gâteau enfile encore le gant, « parce que Clément Antiga le souhaitait » et que tous les deux espèrent bien se qualifier pour une demi-finale du championnat de 3ème série…
180 kilomètres, 12000 mètres de dénivelé !
Donc, on confirme, les meilleures chances de croiser Christophe Pierrou elles sont au complexe de pelote, jaï alaï, trinquet, mur à gauche ou encore le bureau jouxtant celui du club…
Mais ne cherchez pas Christophe Pierrou au complexe boulevard du Cami Salié du 19 au 27 juillet prochain. A cette date là ils seront à Calenzana, c’est en Corse oui, et prêts dès le lendemain matin à l’aube à s’engager sur les sentiers de GR 20. Ils, oui puisque Hugo le 3ème de la lignée accompagne papa dans cette… euh, randonnée ? Aventure ? Expédition ? On choisira le terme qui convient à leur retour...C’est lui, le fiston qui a saucissonné, pardon mis sur « Excell », les prévisions journalières du duo qui veut faire en huit jours ce que tout bon guide propose en seize, seize c’est d’ailleurs le nombre de refuges qui jalonnent cette « randonnée » en montagne, la plus difficile en Europe. Ils proposent le gîte et le couvert à la carte, les Pierrou ont opté pour la tente. « Nous avons choisi de le faire de façon plus sportive que les randonneurs qui prennent le temps d’admirer les paysages », précise Christophe Pierrou. Plus sportive, oui façon de parler, puisque 180 kilomètres en huit étapes, ça donne tout de même 22,5 kms par jour avec un total de 12000 mètres de dénivelés, positif et négatif cumulés.. Une broutille pour le local Lambert Santelli recordman du périple en, vous êtes bien assis, 30 heures et 25 minutes !!! Père et fils mettent donc la barre très haut...
18 heures le dernier délai
Les habitués de ces trekkings, savent que chez nous, le GR10 part d’Hendaye et propose une très longue traversée des Pyrénées, jusqu’à Banyuls soit 1100 kilomètres qu’il est recommandé de faire en un mois, un mois et demi; peut-être même en est-il des fans de la spécialité qui ont aussi goûté du GR 20; c’est que, depuis 2003, 400.000 nuitées ont été enregistrées sur les neuf étapes du nord de l’île, les plus âpres, et les sept dernières au sud avec au milieu le passage du Monte Cinto, le plus haut sommet corse à 2700 mètres d’altitude. Aussi dur soit-il, il est couru, très couru de toute l’Europe. Pour autant pas question de lésiner en chemin, de se tromper dans ses calculs, le GR 20, comme Pekin Express pour ceux qui suivent l’émission de télé, met des pièges sur la route, ici c’est l’obligation d’arriver avant 18 heures au refuge sous peine de se voir refuser les repas!
De la réservation du bateau (elle est faite) jusqu’à la trousse de secours dans le sac, en passant par la tente puisqu’ils ont choisi de la planter, la devise des deux Pierrou c’est « être le plus léger possible pour souffrir le moins possible. » Ce qui induit dans la préparation outre une endurance fondamentale (faire durer l’effort longtemps), un régime alimentaire strict de façon à porter le moins de kilos possible. « Oui, il faut être d’une précision chirurgicale, en recherche perpétuelle » ajoute Christophe Pierrou en détaillant les préparations, physiques, logistiques, météorologiques, on vous fait grâce des détails !
Premiers pas dans les Pyrénées
Mais où le fils et le petit fils de Gérard sont-ils allés chercher cette idée ni sotte ni grenue mais tout de même pas à la portée de tous ? Les paramètres se déclinent au pluriel, le premier, c’est associer « père et fils dans un projet commun ayant du sens », sûr que l’heure est parfaite Christophe aura 50 ans cette année, Hugo en a 20, la photo est belle, on peut y ajouter l’île elle même, elle est dite de beauté, et les Pierrou apprécient cette beauté lors des vacances avec Cathie, la maman sauf qu’elle ne sera pas du voyage cette fois. Et puis comme on s’adresse à des sportifs, la volonté de relever un challenge est elle aussi bien présente, surtout quand il s’agit d’un challenge allant au-delà de la pelote… « On aurait pu faire le tournoi chez Etchébarne, mais c’est fait et ça on sait faire » glisse façon polisson Christophe Pierrou.
Et puis, il y a aussi et peut être surtout, un antécédent daté de la période post-covid quand Jérémy Mongis, collègue de boulot, sportif également version trail et foot -il est éducateur au Bleuets de Pau- entraîna Christophe sur les sentiers de montagne avec les « Montardon d’Achille ». Une dizaine de sorties dans nos Pyrénées ça ouvre l’appétit n’est-ce pas ? C’est toute cette conjonction de facteurs associée aux bonnes résolutions du début d’année qui ont lancé nos deux Pierrou, père et fils, sur le GR 20.
Retour à l’ordinaire
C’est audacieux, mais déjà si bien avancé, si bien quadrillé, si bien réfléchi, bref à l’image de ce tandem père fils dont tout le monde au club connaît et apprécie la rigueur que rien ne leur est interdit…Mais quelle que soit l’issue de cette étonnante autant qu’impressionnante initiative, la pelote ne tardera pas beaucoup à rattraper notre tandem. Christophe Pierrou a en effet prévu d’appeler le président du club de Cannes pour lui demander de faire jouer la traditionnelle partie de place libre entre son club et la Section le 25 juillet. C’est ce jour là que le père et le fils seront de retour sur le continent et à défaut d’enfiler le gant, ils bénéficieraient avec l’équipe venue de Pau d’un moyen de rentrer au bercail et de reposer des mollets sans aucun doute meurtris par les multiples passages en plein milieu de la rocaille corse que l’on suppose très accueillante…
Alors Hugo Pierrou rejoindra le gros peloton des aoûtiens pour profiter de la plage et de la côte, avant de penser à sa seconde année de grandes études à Bordeaux, alors Christophe Pierrou accordera quelques jours à Cathie son épouse avant de remettre la tenue de l’éducateur des plus jeunes, de coach sportif des seniors. Et puis viendra le temps de la rentrée, la gestion des plannings, celle des calendriers, les relations avec les clubs qu’ils soient visiteurs ou visités, et puis les entraînements du mardi, du mercredi du vendredi… La routine quoi, sauf que celle de Christophe Pierrou n’est pas ordinaire. Sa vie non plus n’est pas faite d’ordinaire, se lancer à l’assaut du GR20 est même quelque chose d’extraordinaire !
Gérard Bouscarel