L'Europe sur le toit du monde pelote
Et d’un "deux murs" d’école, Aritz Erkiaga, le tsar de ce jeu, conclut le succès des Européens, comme si le destin prenait plaisir à confier aux plus grands le soin de parachever les œuvres historiques, puisqu’il s’agissait bel et bien d’une œuvre historique que ce premier duel entre l’Europe et les Amériques dont on ne connaît à ce jour qu’une seule compétition semblable, c’est la Ryder cup en golf. Alors l’Europe est la première gagnante bien évidemment puisque la victoire première est toujours celle du terrain, en l’occurrence la « cancha » et puis la pelote est la seconde grande lauréate de ces trois jours puisqu’elle s’est offert une belle vitrine en exposant des spécialités qui ne l’avaient guère été jusque là, en prônant la mixité, en inventant des méthodes de calcul qu’on ne lui connaissait pas, en se servant sur trois jours de toutes ses structures de jeu que sont le mur à gauche, le trinquet et le jaï alaï, on parle des structures de l’hiver bien sûr, on ne voudrait pas que les gens de la place libre nous en veuillent de les oublier.
Un drôle d’Américain tout de même.
Tenez tant qu’on y est on va aller jusqu’au bout de ses insouciances, elle a même fait jouer sous la casaque des Amériques le plus béarnais des pelotaris, Jean Olharan ayant supplée le malheureux Johan Sorozabal, blessé dès le tête à tête du mercredi soir. C’est un, qu’il était difficile de penser trouver un pelotari américain en 24 heures, et impossible, deux, qu’il soit du niveau de ce dernier duel réunissant du monde et du beau… Il s’agissait de respecter l’équilibre du duel et puis par la même occasion de respecter le public, lequel comprit fort bien la décision du comité d’organisation.
Donc la pelote à la quelle les uns reprochent tantôt de trop s’émanciper quand les autres lui en veulent de ne point être plus casanière, s’est offert un voyage en liberté, et ma foi ça lui allait bien, on ne dit pas ça pour attiser quoi que ce soit, fâcher qui que ce soit on le dit parce que ce fut sympa de voir communier des gens autour du sport et de ses valeurs. Elle y gagnera, ça c’est une certitude.
Maïa Goïkoexea, 14 ans, quelle promesse
Revenons à l’évènement qui s’est achevé avec ce bras tendu d’Eric Irastorza, le trophée tout au bout, ce qui vu la taille de cette légende était la garantie que tout le monde le voit. Le capitaine européen le gardera deux ans avant, on l’espère, de le remettre en jeu sur les continents américains.
L’Europe attaquait donc cette dernière journée en menant 190-183, puisqu’on additionnait tous les scores au fur et à mesure des parties jouées en 30 points. Sept points ce n’était pas « byzance » d’autant que la partie féminine n’offrait de garantie à personne. La bonne surprise fut que Oihana Sorozabal et Xana Gonzales, les deux biarrotes championnes de France et leaders de la discipline surent contenir la puissance de Maïa Goïkoexea, qui, pour n’avoir aucun lien de parenté avec le grand Goïko, possède les mêmes graines de talent, or elle n’a que 14 ans, c’est dire si Euskadi possède là une vraie pépite… Elle était associée à la mexicaine Tanya Morgaya, adorable petit gabarrit mais maillon faible de la partie, si bien que nos vaillantes et très concernées tricolores rajoutèrent trois petits points dans l’escarcelle de l’Europe 30-27 soit 220-210 au cumul.
Supériorité jamais ébranlée
La tâche des américains Gorka Soro et Jean Olharan, très fraîchement baptisé on l’a vu, se compliquait terriblement et de fait avec un Thibaut Basque en grande confiance et plein d’assurance derrière un Erkiaga qui n’a peut-être pas encore retrouvé son meilleur niveau mais qui reste Erkiaga c’est à dire un champion aux coups fantastiques, jamais la marge de sécurité des Européens ne fut ébranlée et la partie avança ainsi sans toucher aux économies européennes, le 250-238 final dit assez bien que ce fut un duel équilibré, Jean Olharan ayant mieux fait que seulement supporter la comparaison… Il est vrai qu’outre son passeport US il a reçu de bonnes nouvelles ces jours ci, le malheur des uns faisant… vous le savez, il sera très vraisemblablement appelé à remplacer Johan Sorozabal aux « Winter séries » de Gernika, gros tournoi s’il en est, et puis il retrouvera le maillot de l’équipe de France pour la ligue des nations de Bilbao du 23 au 29 novembre, pour la compétition tête à tête en mur à gauche de 36 mètres...
Il n’avait donc pas tout perdu notre porte drapeau béarnais de la cesta punta pour laquelle Canal plus avait dépêché ses équipes. On vous le disait la pelote a beaucoup gagné à s’émanciper de la sorte !
Gérard Bouscarel
Reportage photo Raymond Cazadebat
Nos photos de gauche à droite
*Une jolie photo de famille pour conclure une belle compétition.
*Maïa Goïkoexea 14 ans et déjà solide joueuse.
*Iohana Sorozabal à l'engagement, très appliquée
*Un formidable esprit pelote a régné sur ces trois jours de compétition
*Gorka Sorozabal "allume" entre Erkiaga et Olharan
*Aritz Erkiaga, sa présence est un crédit pour l' épreuve .
*Jean Olharan un américain de circonstance.
*Aritz Erkiaga un grand champion qui aime venir jouer à Pau
*Le bel effort de Jean Olharan.
*La sélection des Amériques avec un air un peu bleu blanc rouge!
*La sélection Europe avec Basque et Erkiaga
*Trois des six arbitres qui ont officié avec brio, Patrick Iribarne, Jef Bordenave, José Diez.
*Deux papas très concernés, MMrs Gonzales et Sorozabal!



