Finaliste de la "Cesta de Nadaü" Johan Sorozabal, un vent de fraîcheur
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A 22 ans, Johan Sorozabal qui tente ce vendredi, associé à Thibaut Basque, d’inscrire son nom au palmarès de la « Cesta de Nada¨» est le chef de file de la génération nouvelle, celle qui n’a peur de rien dit-on, encore moins sur les canchas, le terrain de jeu de leur jeune existence. Gorka, son frère aîné d’un an, sa soeur Ioana, qui disputera en lever de rideau ia finale de la première édition féminine, sont à classer dans la même catégorie, celle des joueurs de demain et celle des audacieux. C’est à la punta une qualité, elle est requise et si la jeunesse y est aussi irrévérencieuse, c’est presqu’un prix d’excellence.
La roue tourne-t-elle ?
Grand jeune homme d’1m 85, Johan Sorozabal, le port haut, l’allure fière , la silhouette athlétique, l’éloquence presque encore juvénile, a enrichi les arguments de ceux qui pensent que la roue est en train de tourner, lentement sans doute, mais sûrement, que les quadras ou quasi quadras souffrent de plus en plus à contenir cette talentueuse jeunesse.
Non, ce n’est pas demain qu’on verra les Lopez, Erkiaga, Olharan, Minvielle et consorts disparaître des palmarès, ne plus monter sur la plus haute marche des podiums, ne plus coiffer de « boïnas » mais devoir les partager pour sûr !
Un vent nouveau se levait...
Le Nadaü 2024, en est la parfaite illustration : pas le moindre champion du monde en finale, exit Lopez, exit Olharan, exit Erkiaga! Exit aussi David Minvielle. Et si tous ces noms là étaient sur le podium des Mondiaux de Biarritz en octobre 2022, ils avaient eu confirmation de ce qu’un vent nouveau se levait sur leur royaume et qu’avec lui soufflait les premières révoltes...La plus violente se situe à Aguiléra justement quand deux minots de Biarritz, les deux frères Soro, furent à deux doigts et peut-être
encore moins de faire trembler la planète de la cesta punta.
A un « one shot près »
C’est tout simplement que face à Erkiaga et Lopez, la fratrie eut « un shot » pour gagner et éliminer les deux tsars de ce jeu ! « One shot », c’est le langage jeune venu des « states » et familier des frères Soro qui en venaient et portaient même le maillot floqué de la bannière étoilée… La pelote française se mordra-t-elle les doigts un jour d’avoir laissé échapper du troupeau deux de ses plus beaux joyaux ? On a bien peur que si...
Eux n’ont peur de rien, on l’a dit, ne se posent pas de question existentielles, la preuve quand on demande à Johan Sorozabal, si battre Erkiaga procure encore une émotion particulière il acquiesce certes mais file vite à l’essentiel puisque ce n’était qu’une demi finale, « il faut donc finir le travail.. » C’est dit !
« Finir le travail »
Finir le travail, c’est battre Barandika et Lekerica, vous aurez avec Thibaut Basque, la recette ?
- « La recette c’est d’abord de bien jouer nous mêmes, sinon… On les connaît bien, eux aussi se connaissent parfaitement pour être tous deux du même club à Gernika, ils sont donc très complémentaires et redoutables surtout si on laisse le coup droit de Lekerika s’installer. La recette c’est aussi de les mettre à mal très vite un peu comme on a fait avec Thibaut en demi finale. »
On va y revenir, mais donnes nous d’abord des nouvelles de ton frère Gorka qui fait partie du bataillon de ceux qui jouent trois mois à Dania ?
- « Il va très bien. Il occupe les toutes premières places du classement. Ils vont achever leur premier mois de compétition et ils vont débuter le véritable tournoi en équipes et s’il est 2ème ou 3ème il jouera avec le 2ème ou 3ème avant.. »
Tout roule pour lui… Comme pour toi, on vous a vu très heureux avec Thibaut Basque au terme de cette demi-finale?
- « Oui c’est toujours gratifiant de battre le meilleur joueur le numéro 1 mondial surtout que c’est une demi finale donc il y a de l’enjeu mais ce n’est que la moitié du chemin donc il faut finir le travail. »
Est-ce que l’on aborde une partie contre Erkiaga de la même façon qu’une autre ou que toutes les autres ?
- « Ce qui est commun à toutes c’est qu’on essaie de mettre la même intensité. Après contre lui il faut essayer de ne pas le laisser jouer, d’allonger les buts au maximum, de ne pas le faire erreboter... »
Ca fait beaucoup de choses ?
- « Oui mais c’est lui, le joueur capable de tout, n’importe où, n’importe quand. Il faut être attentif à ses moindres gestes, toujours suivre son regard en tentant de deviner ses intentions. Et puis aussi tenter de le mettre à mal dès le début de la partie qu’il ne puisse pas être en confiance trop vite. »
Il ne l’était pas pour aborder la belle, il y fait trois fautes, grossières pour lui ?
- « On ne peut pas affirmer quoi que ce soit, mais il y a peut être un peu de ça oui,, qu’il ait voulu forcer le geste et qu’il soit parti à la faute »
Je me suis laissé dire que ton revers était le plus puissant du circuit, tu valides ?
- « C’est flatteur. J’ai beaucoup travaillé ce geste et ces variations parce qu’il ne sert à rien de frapper très fort si tu n’es pas précis. J’ai donc des axes de travail pour peaufiner ce revers, mon père m’accompagne aussi. »
Ton frère et toi vous jouez, à l’internationale, pour les USA alors que vous êtes biarrots, curieux non ?
- « Notre père ayant joué 14 ans là-bas nous avons la double nationalité. On ne fait pas partie des espoirs retenus pour préparer le mondial des moins de 22 ans de Cuba. Ok, on reste à Dania pour finir en beauté aux USA et c’est Benny Bueno, le manager du fronton, celui là même qui nous a fait passer pro à 17 ans qui nous offre l’opportunité d’intégrer la fédération américaine. »
Il y a véritablement une Fédération américaine de pelote ?
- « Oui, et Benny Bueno vient d’être nommé pour encadrer la punta. Nous aurons un stage en janvier pour préparer la ligue des Nations de cesta punta organisée à Mexico du 2 au 9 mars. »
Vous n’avez aucune concurrence aux USA ?
- « Disons que nous sommes titulaires en puissance, mais Bueno fait travailler les joueurs du Magic City de Miami qui pour l’instant jouent sur un fronton de 36 mètres avec une pelote molle et des murs en plexiglass »
Avez-vous,Gorka et toi tourné la page américaine vous qui en rêviez ?
- « Oui, on a la chance de jouer de nombreux tournois ici, de toutes façon, le haut niveau il est aujourd’hui en Europe donc on a la tête dedans. Le seul regret que l’on puisse avoir c’est qu’ici on n’est pas professionnel alors que là bas on l’était... »
L’objectif c’est désormais 2026 et le mondial argentin de San Luis ?
- « Oui maintenant qu’on a touché du doigt, on ira ensemble mais on ne se fait pas de mystère, ce sera très compliqué.
Gérard Bouscarel