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III- Au nom de l'amitié

2007, c’est l’année où Jean Olharan et David Minvielle se rencontrent pour partager quatre ans durant l’aventure du championnat de France. Ils ne le remportent pas seulement deux fois, non, ils se lient d’une amitié si profonde que David ne peut refuser à Jean de retarder sa retraite pour jouer une dernière « Cesta de Nadaü » ensemble. On ouvre l’album aux souvenirs
8.12.2025
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Je suis le texte qui sera copié

Ce vendredi d'août au soir, tard, dans le couloir des vestiaires du complexe de pelote, quand il voit arriver David Minvielle, le casque dans une main, et les chistéras coincés dans l’autre, Raymond Cazadebat appuie naturellement sur le bouton de son appareil photo qui, en rafale,  immortalise l’instant. Ce geste il le répète des dizaines et des dizaines de fois sur les canchas, depuis des dizaines d’années. Sauf que cette photo, il sait le secrétaire du club, que c’est la dernière de David Minvielle quittant un vestiaire. A cet instant, le quadra de Caresse-Cassaber, effectue ses premiers pas de retraité des canchas. Il a été battu, et c’est sur cette  ultime prestation que s’écrit le mot « Fin ». Il l’a annoncé depuis longtemps.

Retraite suspendue

La suite de sa soirée, est classique, un crochet par la voiture pour tout déposer dans le coffre, et puis direction le premier étage, la buvette, pour retrouver Marion qui, c’est certain, fait déjà la causette avec Morgane, l’épouse de Jean Olharan, tandis que Oïhan attend papa avec impatience pour aller jouer...avec son gant, et que Gorka n’est plus très loin de venir rejoindre la famille. Retrouver Jean Olharan bien sûr aussi, et boire une bière bien méritée, et puis, et puis…

La retraite de David Minvielle est suspendue soudain, non pas comme à l’Assemblée Nationale elle le fut, mais suspendue ! Il n’a pas fallu longtemps pour que l’espace de vie, entre boutique et buvette, entre Delphine et Jean Pierre Caparrus,  apprenne  que David Minvielle ne raccrochait plus, enfin plus tout de suite et qu’il faisait machine arrière pour disputer une « vraie » dernière,  aussi vrai que le père Noël arrive toujours pour une première.

Il ne pouvait pas refuser

Et c’est pour jouer la « Cesta de Nadaü » qu’il remettra le gant! Et la jouer avec Jean Olharan.  Au nom de quoi ? De l’amitié qui lie les deux joueurs. C’est le palois qui lui a demandé de différer la retraite, et au palois il ne pouvait pas refuser David… « On a toujours été ensemble, on a souvent tout fait ensemble » justifie Jean Olharan qui n’a pas besoin de conclure, la suite on la devine « on se devait de finir ensemble »!

Ensemble, le mot revient souvent dans la bouche de Jean Olharan dont la mémoire se fige en 2007 avec une précision d’expert. 2007, c’est l’année de la découverte de celui qui joue avec Tambour, quand lui a pour équipier un espagnol, « Onandia, il avait été pro à Orlando,» le souvenir est d’autant plus précis que « sur un erebot, David Minvielle se couche et se blesse sérieusement à la main », l’image le marque davantage que la compétition qui se déroule au complexe, c’était un tournoi Pro-Am, qu’ils jouaient l’un contre l’autre pour la première fois, « j’avais 17 ans et nous étions amateurs ».  

2007, première rencontre

L’été s’achève sur la découverte, l’automne approche et avec lui la rencontre, la première, Jean et David sont associés pour disputer le championnat de France de 1ère série. Comment s’opère la mise en relation des deux joueurs ? Qui prend l’initiative du premier pas ? Jean Olharan vient d’être sacré deux fois de suite champion de France junior en compagnie de Simon Castelli, il confie donc à son père Jean Marc, qui a quelque références et connaissances en matière de cesta punta, son intention de vouloir voir à l’étage supérieur, autrement dit chez les seniors en première série. Simon Castelli n’est pas partant, il convient donc de faire le tour des clubs disposant éventuellement d’un « arrière sans avant », d’un arrière pouvant guider le jeune champion junior. Il n’y en n’a pas pléthore répondant au profil, il n’y en n’aurait même pas du tout si à Biarritz, au BAC, Laurent Sorozabal, grosse carte de visite américaine, carrière forçant le respect  ne jouait avec David Minvielle. Avec conviction et plaisir, talent, aussi certes mais ne ferait pas une jaunisse s’il s’éclipsait pour donner la chance à un jeune. N’a t-il pas Soro père deux garçons jeunes et prometteurs ?  Sa carrière au papa des deux frangins elle est derrière lui, et il n’a plus grand-chose à gagner après 14 ans passés et référencés dans le Connecticut.

Deux échecs avant le titre

Les derniers maillons de la chaîne, Jean Marc Olharan s’en charge, un appel à Lilou Echeverria, président du club mais pas encore de la Fédération, qui ne voit pas d’obstacle majeur à cette union dès lors qu’il y aura réciprocité, et puis aussi un entretien avec le joueur. Comme il arrive parfois aux deux hommes de faire route ensemble, la chose est aisée. Jean Marc se souvient d’un jeune homme de 22 ans très mature sachant déjà de quoi serait fait son demain: « Il savait déjà qu’il succéderait à son père à la tête de l’exploitation agricole familiale, c’était clair dans son esprit. »            

Le duo formé, il débute le championnat de France 2008 à Pau, Jean Olharan n’a rien oublié : « Garcia et Berdoulay de Bidart jouaient en rouge, nous en bleu, on perd 35-32... »

Sur cette défaite se tresse les premiers liens d’une complicité qui ne va cesser de grandir, de prendre du galon. « C’est tout sauf un méchant, David, c’ est la gentillesse caractérisée » souffle Jean Olharan, de quatre ans le cadet du natif de Carresse Cassaber.

Le couronnement à Pau

Ce n’est pas suffisant pour gagner la gentillesse mais du haut de ses 18 printemps, Jean Olharan apprécie aussi de « bien rigoler » avec son partenaire, et puis de trouver le chemin de la victoire. Dès leur première association en 2008, ils se hissent en finale, « on perd les trois premières parties mais derrière on ne perd plus beaucoup puisqu’on va jusqu’au bout, seulement battus pour le titre, de nouveau, par Garcia-Berdoulay, 35-29. » Jean Olharan est plus heureux chez les juniors  où en compagnie de Simon Castelli il remporte le premier de ses trois titres consécutifs dans la catégorie. Il le sera une quatrième fois.

Chez les seniors le palois et son pote doivent patienter  encore mais ils ne sont plus très loin du « Graal » puisqu’ils retournent en finale en 2009 buttant cette fois contre Guéthaty. La troisième sera la bonne.  Pour mieux préparer le mondial palois de 2010, la Fédération concentre l’intégralité du championnat sur le jaï alaï du Cami Salié. Olharan-Minvielle ne laissent pas passer l’occasion, ils sont sacrés champions de France, sous les couleurs de la Section Paloise, face à Guéthary. « David, licencié au BAC  est venu jouer trois ans pour nous, tandis que moi  je n’ai été en extension à Biarritz qu’une seule fois. » précise le palois, pour expliquer que l’extension correspond à un prêt ponctuel.

Pros la même année 2011

Le couronnement renforce bien évidemment les liens entre les deux hommes. D’autant qu’ils doublent la mise en 2011 où ils sont d’abord champions du Pays Basque avant d’être champions de France à Saint Jean Pied de port.  La même année, un autre Béarnais est couronnée chez les juniors, Baptiste Othaburu, fils de notre fidèle dirigeant Philippe que vous entendez au micro si vous venez au Complexe.

Un tantinet coquine, la Section paloise fait publier la photo de ses champions dans la presse avec cette légende , « trois béarnais champions du Pays Basque. »

C’est ensemble qu’en 2011 ils signent leur premier contrat professionnel à Saint Sébastien avec la société « Jaï alive », c’est ensemble qu’ils la quittent en 2015 pour signer chez « Erraman » à Gernika. Et puis c’est un peu partout que l’aîné a promener son cadet à l’occasion des parties estivales puisqu’on ne parle pas encore de « summer league ». « Oui, de 2008 à 2010,  David m’a pris avec lui  pour jouer en place libre l’été, on a même été jusqu’à Palencia en Espagne, sinon c’était le plus souvent sur la côte, Moliets, Vieux Boucau, à Mauléon aussi. Après, nous n’avons pratiquement plus joué qu’à la punta »

Biarritz 2022, David accourt du fond de la cancha...

S’il est arrivé qu’ils ne soient pas ensemble, c’est que David Minvielle ne s’est jamais exporté au-delà de nos frontières, quand Jean Olharan a fait  de nombreux séjours  aux Etats-Unis, que ce soit à Miami, Orlando ou Dania, ou au Mexique. Ils sont moins ensemble encore, lorsque Jérôme Portet, arrivé de Pamiers à la Section en 2015, devient naturellement le partenaire de Jean Olharan en championnat de France.

C’est donc sous le maillot de l’équipe de France que l’on va les retrouver tous les deux, au mondial Catalan de 2018, à la coupe du monde de Toluca en 2021, au mondial biarrot de 2022. Avec pour Minvielle, le souvenir un peu frustrant, du remplaçant qui joue les trois derniers points de la finale à Barcelone, « sans le moindre échauffement, Nicolas Etcheto venait de se blesser ». Avec le souvenir bien plus heureux, toujours pour Minvielle, de la coupe du monde au Mexique, « Thibaut Basque se blesse et je joue la petite finale que l’on gagne avec Jean ». Avec comme « clap » de fin, cette course du fond de la cancha pour venir relever Jean, le prendre dans ses bras, lui offrir un soutien… C’est la demi finale du mondial, l’autre équipe de France, celle de Laduche et Irastorza a joué de malheurs puisqu’aucun des deux n’a terminé la partie,  l’espoir  de voir la France en finale et briser l’hégémonie Espagnole repose tout entier sur les épaules des deux béarnais. La partie est torride. Le jaï alaï est en fusion. Hitchcock a du revenir écrire le scénario. Une manche à une, puis une belle qui leur tend les bras à 8-4, mais ils la laissent tomber  9-9 à la belle. Jean Olharan prend l’initiative de l’attaque, il balance loin, très loin une droite-droite elle est gagnante à coup sûr, sauf que cette maudite pelote sort de quelques centimètres. Le palois reste au sol, seul avec son désarroi, son échec. David Minvielle accourt l’en sortir, et lui murmurer des mots à l’oreille.  Ce sont tout simplement des mots d’un ami, avec lequel « on a toujours tout fait ensemble ». Dans les bons comme dans les mauvais moments. L’image est cruelle mais belle, très belle.

Gérard Bouscarel

A suivre,

IV- David, gentleman farmer.

Sur nos photos de g à dr

*Cette photo date de 2007, c’est la rencontre de Jean Olharan et de David Minvielle.

*Cette photo date de 2025, c’est toujours la rencontre de Jean Olharan et de David Minvielle, sauf que c’est 18 ans plus tard !!!

*Biarritz 2022, championnat du monde, demi-finale Olharan Minvielle contre Goïkoexea-Lekerika, un partout, 9-9 à la belle, c’est irrespirable ! Le palois tire la dernière pelote,  le camp espagnol est battu, le coup est de toute beauté… Oui mais il sort de quelques centimètres !!! Jean Olharan s’effondre au sol, David Minvielle du fond de la cancha oublie sa déception pour courir relever son partenaire et le prendre dans ses bras. Ces mots là ne se répètent pas, il n’appartiennent qu’à eux. La scène est aussi cruelle que belle.

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