II- Héritier de la noblesse
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David Minvielle, c’est un lieu commun, promène au quotidien sa gentillesse et son sourire, sa silhouette aussi, et elle en impose puisqu’il fait monter la toise jusqu’à 1m 82 et les aiguilles de la balance jusqu’à 85 kilos. C’est sans doute le fruit de la nature mais plus sûrement aussi d’une belle éducation. C’est peut-être aussi qu’il a vu le jour à Carresse-Cassaber, bourgade née de la fusion de deux, qu’un étroit filet du Saleys sépare, que l’autoroute A64 chapeaute, et qui compte depuis 1970 un champion du monde de cesta punta. C’est Serge Marty, bien sûr, une autre nature souriante. Mais ce n’est pas encore la seule richesse de Carresse-Cassaber puisque Paul Jean Toulet vint y passer neuf ans de sa jeunesse. Et ce n’est toujours pas terminé, puisqu’avec son château de la rue Lassalle, la cité abrita de nombreuses familles de la noblesse espagnoles qui reçurent, excusez du peu, Alfonse XIII roi d’Espagne, l’impératrice Eugénie, Ferdinand de Bavière, Goya. L’une de ces familles « Camarasa », s’est même inscrite en 1933 comme l’une de celles qui cultivaient le savoir vivre, la délicatesse, la générosité et la courtoisie...
Je savais où était mon avenir
David Minvielle, s’inscrit pour l’heure comme le dernier trésor connu de Caresse et Cassaber réunies toutes deux depuis 1972, l’ultime héritier de cette liste prestigieuse mettant sous les projecteurs deux communes qui, au premier regard, semblent d’abord faites pour vivre de quiétude dans l’ombre des courbes du gave d’Oloron.
On sait par avance qu’il ne souscrira point à cette conclusion, non pas qu’il soit modeste au point de rougir de telles comparaisons, simplement, que très jeune il sut « où était mon avenir », et que c’est là qu’il irait, là c’est la terre, et elle en fit un garçon du terroir, avec toutes les valeurs qu’il développe, et qui vous forgent un homme, « oui je suis bien ici. »
N’allez pas chercher son nom dans les nombreux contingents de joueurs de cesta punta ayant répondu aux appels des sirènes qu’elles soient américaines ou mexicaines, il n’y figure pas. Des USA il ne connaît que... Berriatua, ce n’est pas une hérésie, non, c’est cette ville de Biscaye qu’en l’an 2000, le casino de Miami choisit pour y organiser son tournoi international, label derrière lequel se cachait des journées de détection surveillées de près par des sergents recruteurs.
Son Amérique s’arrête à Berriatua
S’il en a encore un souvenir très précis, c’est qu’avec Ion Curbeur son partenaire des tous débuts, il avait atteint la finale, seulement battu par un certain Aritz Erkiaga « déjà très fort joueur » souligne David. De fait, l’avant d’Ispaster fit partie du wagon retour. De même son voyage au Mexique s’arrête, en 2017, devant les grilles de l’entreprise qui l’emploie à Saint Palais. Il vient de remporter la coupe du monde des Nations à Biarritz et se voit proposer un contrat de deux mois. Il fait donc la demande d’un congé sans solde pour cette période, il lui est refusée net. Il n’a donc pas coûté cher en billet d’avion, il n’a pas non plus fait une jaunisse, il est reparti sur ses terres de Caresse là où la nature lui révèle quelques uns de ses secrets et ça n’a pas non plus de prix...Qui sait si pour ça part il ne lui en confie pas quelques uns de ses secrets à cette terre qu’il aime bien plus qu’il ne le dit.
« Il te manque encore quelque chose »… Mais quoi !!!
En réalité tout se passe avec David Minvielle, comme s’il avait suffisamment avec ce que la pelote lui a donné tout au long de ces longues années où elle l’accompagna. Sûr que l’on peut aussi prendre le contre pied et arguer que ce qu’elle lui a donné n’est pas peu de choses. Pour arriver à l’imaginer, fâché, vexé, en voulant enfin à quelqu’un, il faut lui dire que sur ce bel album qu’il referme aujourd’hui, il manque un titre, celui de champion du monde et que l’occasion était belle en 2010 ! Très belle même à Pau, chez lui ou presque, devant les siens et un public tout acquis à la cause des « bleus », dans une ambiance de folie… Oui David Minvielle a été affecté de sa non sélection au sortir de la préparation. Non, il n’a pas tout à fait compris le « tu comprends David, on ne te prend pas parce qu’il te manque encore quelque chose », il aurait peut-être mieux accepté si on avait identifié le « quelque chose » en question. Aujourd’hui il interroge toujours : « quoi », en 2010 il n’eut l’envie et la force que de venir voir une seule et unique partie de ses copains. Il sortait de 4 campagnes nationales avec Jean Olharan et ces quatre campagnes, se soldaient tout de même par trois finales et deux titres nationaux, dont celui de 2010 sous les couleurs de la Section paloise, le premeir de toute l’histoire du club! Ce « quoi » là fut un couac, assurément ! Le seul ? Vraisemblablement.
Le sens de l’autre
Sur l’autel des défaites qui marquent, et plus encore si elles le sont alors que Jean Olharan est son équipier, il pose toujours en premier le grand manteau de sa si généreuse nature, de sa belle grandeur d’âme, de sa sportivité tout simplement. « Jamais je n’en voudrais à un équipier », tous ceux qui, nombreux, en 2022 à Biarritz en demi-finale du mondial l’on vu courir du fond de la cancha pour voler au soutien d’un Jean Olharan en plein désarroi puisque sa pelote, tirée droite droite, venait de sortir de quelques centimètres et d’éliminer le duo tricolore, 9-10 à la belle, peuvent en témoigner. Il avait perdu lui aussi mais il avait d’abord le sens de l’autre et en guise d’analyse il eut ce joli « on a géré le final comme des enfants ». C’est la même chose quand en 2014, Jean Olharan et lui disputent leur première finale du « gant d’or » à Biarritz contre, excusez du peu, Beaskoexea et Irastorza. Ils la perdent au bout du bout de la belle 9-10 sur une grosse faute de Jean Olharan qui joue un « errebot » plein centre et qui balance la pelote au plafond du « Jaï ». « On a su ce jour là, au moins qu’on était au niveau », la plaidoirie est signée Maître Minvielle pour acquitter le champion palois…
Facile de « switcher »
Ce 19 décembre 2025 le citoyen de Carresse Cassaber tire sa révérence, la même qu’il avait cru tirer début aôut lors de la summer league, dont il avait annoncé de longue date que ce serait la dernière, et qu’il a accepté de repousser, le soir même, à la demande de Jean Olharan, le copain que des années de pelote ont fait ami. Et puis peut-être un peu aussi parce que Pau fut toujours sa deuxième maison, parce qu’à Pau il ne fut jamais un étranger, mais un des « nôtres ».
Mais ce soir le mot fin ne se diluera plus, il ancrera le terminus d’une carrière qui au-delà de tous les résultats, au-delà de tous les palmarès, couronnera un gentleman des canchas. Quelqu’un et c’est beau qui n’eut jamais besoin d’être un conquérant à tout prix des sommets pour être apprécié tant dans son habit de lumière, que dans son costume du quotidien. Il n’a pas le privilège à lui seul de posséder cette double casquette, mais il est sans doute celui qui la porte le mieux. « C’est un gentil David » confiait Jean Olharan, en mettant dans ce « gentil » tout le bouquet des … gentillesses possibles.
Ce gentil là se retire parce que c’est l’heure où son corps lui dit qu’il pèse désormais 41 printemps et quelques meurtrissures qui font qu’il soit plus sourd à l’appel matinal de l’entraînement, que la machine ne se remet plus en route du premier coup, que c’est l’heure aussi où deux magnifiques bambins l’attendent pour jouer avec lui, l’aîné déjà au gant !!! Que c’est l’heure où Marion, charmante épouse s’il en est, a peut-être besoin qu’il soit ce qu’elle fut pour son champion, l’indéfectible soutien, que c’est l’heure où le chef de l’exploitation agricole n’ignore pas que sa terre, son élevage, lui rendront ce qu’il aura investi à leur côtés et c’est beaucoup aussi.
Pour tout cela et d’autres petites choses encore David Minvielle se retire sans un soupçon de regret, sans une once d’amertume lui qui n’en eut jamais, simplement heureux de partager une dernière séance avec l’ami Jean Olharan, d’attacher la lie de son gant une dernière fois sur un fronton qui lui offrit sa première grosse couronne de champion, celle qui ne part jamais aux oubliettes. Il se retire fidèle à sa nature, noble et franchement souriante, certain que rien ne lui manquera puisqu’il est « facile de « switcher » de me mettre en tribune et de regarder les copains, d’être avec eux encore. Le tout petit regret ce sera celui de les voir moins souvent, mais c’est tout. »
On en jurerait presque qu’il en aura encore davantage de raisons de sourire lors des retrouvailles.
Gérard Bouscarel
A suivre
III-Jean Olharan : « toujours ensemble »
Sur nos photos de g à dr:
*Equipier de Johan Sorozabal au fond, Minvielle savait aussi être puissant.
*Il faut désormais s’habituer à le voir davantage en civil sur les canchas.
*Mais toujours prompt à parler cesta, ici avec Fifi Etcheverry et Eric Irastorza.
*Et puis aussi auprès de Marion sa charmante épouse
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