Le dernier titre de la Section a 53 ans!

Vous aimez la pelote basque dans ce qu’elle possédait de très attractif à l’époque, très touristique aussi, le grand chistéra en place libre. On dit à l’époque pour éviter de faire trop vieux jeu, pour éviter aussi d’être trop précis dans les dates, on s’y trompe souvent, mais on parle en fait du temps où la cesta punta n’avait pas encore débarqué pour occuper le terrain à outrance. Elle le fit vraiment, chez nous, en 1958 avec le premier jaï alaï qui s’ouvrit sur les terres d’Hossegor. Et fit passer la place libre au second plan, réduisit son calendrier.
L’odeur des foins et des fêtes
Jusque là, on jouait donc davantage à grand gant et ce sport là renfermait à lui seul toutes les beautés de l’été, le fronton rose montant haut à la rencontre du ciel azur, les joueurs tout de blanc vêtus pour mieux déchirer la nuit tombante, la foule bigarrée mêlant les anciens aux bérets portés comme un passeport, aux moins anciens à la chemisette fraîchement repassée. Oui, elles sentaient les vacances, l’odeur des foins et des fêtes, les parties que les affiches en grosses lettres annonçaient sans qu’on en ait vraiment besoin sur les portes du café des sports et de l’épicerie de la place du village. Pour terminer elles faisaient pousser la chansonnette, le temps que tout ce joli monde vienne boire un canon… Et puis refaire la partie à défaut de refaire le monde puisqu’on ne refaisait pas encore le monde, il allait beaucoup mieux alors . Qu’on ne s’égare, surtout pas, si le folklore était le plus fidèle amant des frontons, la partie restait la partie, la compétition restait la compétition. Les champions étaient de vrais champions. Il y en eut beaucoup, ils fleurirent un peu partout, puisqu’un peu partout le fronton faisait avec l’église bon voisinage.
53 ans, c’est un bail
La place libre c’est le « dada » de Gérard Pierrou, un « dada » que les années ne rafraîchissaient pas jusque là, qui existait surtout sur la couche de ses souvenirs, sur les coupures de presse que sa maman, soigneusement, collectionnait puis collait, en ordre sur des albums. Ils sont nombreux aujourd’hui, ces livres jaunis, à témoigner de ce parcours. Et puis sur quelques soubresauts parfois, comme en 2004 avec le titre de Nationale « B » de Paul Caparrus, Antton Tanko et Hugo Pierrou, ah, Hugo l’héritier de papa et de papy, pelotari par devoir.
Les souvenirs, papy, il en a et plus encore. N’appuyez pas sur le bouton « on » si vous êtes pressé. L’écouter ça peut durer longtemps, bien plus que les 12 minutes de ce point de la finale 1974, celle qu’il n’a pas digéré tout à fait encore. Elle a lieu à Pau, le Stadium est plein, vraiment plein, la Section mène 42-40, elle est à trois points du grand bonheur… qui, huit jours après, est grand malheur ! « A 42-40 les joueurs de Guéthary ont prétexté ne plus y voir suffisamment, et les responsables leur ont bien sûr donné raison… On a recommencé huit jours plus tard, à 2-0 pour nous et on a perdu... »
Conclusion, la dernière fois que la Section Paloise a été sacrée championne de France, Nationale A, ce fut en 1972. Aucune contestation cette fois là, le Pau de Gérard Pierrou, Christian Loustaudine, et Gérard Badets domina nettement le Biarritz de trois futurs présidents, Jean Pierre Abeberry, Dominique Boutineau et Lilou Echeverria, 45 à 32 à Saint Jean de Luz. La Section conservait ainsi la couronne obtenue l’année précédente chez elle, à Pau, dans un Stadium archi comble, face à Saint Jean Pied de Port 45-41. Bernard Casty avait alors remplacé Christian Loustaudine appelé sous les drapeaux en Allemagne.
Cette Section là eut même le triplé au bout de ses gants. En 1973, elle retrouvait à Tardets, le Mauléon, qu’un mois avant elle avait pulvérisé 45-20 et qui, parfait retour de bâtons, la pulvérisa à son tour 24-45…Comme quoi une rencontre ne ressemble jamais à une autre, à fortiori une finale.
Olharan, les Alliez, Biraben pas loin...
Gérard Pierrou ne sera plus jamais champion de France. Quand il revient à la Section en 1980 après une parenthèse chez les professionnels, on disait indépendant alors, il perd avec Jean Marc Olharan et Gérard Badets à St Jean Pied de Port, contre Bidart. Ni lui ni personne d’autre d’ailleurs. En 1998, Jean Marc Olharan, Laurent Alliez et Didier Biraben cèdent face à Guéthary puis en 2005, les frères Alliez, Laurent et Arnaud, perdent à Bidart contre Bidart…
Vous avez bien compté, il y a plus d’un demi siècle, 53 ans exactement, que la Section Paloise n’a pas connu le bonheur suprême et que Gérard Pierrou vit de ses souvenirs mais pas seulement. Il n’est pas fan, mais vraiment pas de la nouvelle place libre qui veut qu’au cinquième coup l’attaque soit obligatoire, ce qu’il traduit à sa façon : « allo, allo, attention cinquième, on va attaquer, tu parles d’un effet de surprise » …
Mais c’est là une autre histoire, à suivre.
Gérard Bouscarel
A venir
II- Est-ce toujours le même sport