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Christophe et Hugo Pierrou vainqueurs du GR20

Christophe et Hugo Pierrou, ont défié et vaincu le GR20, en 7 jours. C’était en juillet, quand le Béarn brûlait de chaleur, père et fils avalaient en Corse les kilomètres, les dénivelés, les montées, les descentes, les crêtes. Le GR20, c’est un circuit de randonnée en Corse, soit mais c’est aussi le sentier le plus dur en Europe. Ce n’est pas seulement une aventure, c’est un défi, l’obligation de repousser ses limites, la volonté au quotidien de renoncer et de ne jamais renoncer. Christophe et Hugo Pierrou nous entraînent loin des frontons certes mais sur ce GR20 et ses 180 kilomètres, on s’est régalé à les suivre...
10.9.2025
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Le 19 juillet, 5h45, à Calenzana, les "Pierrou" se lancent à l'assaut du GR20.
Le 19 juillet, 5h45, à Calenzana, les "Pierrou" se lancent à l'assaut du GR20.

De quoi rêve-t’ on quand vos pieds vos jambes, vos cuisses viennent de vous faire traverser la Corse du nord au sud, en gros de Calvi à Porto Vecchio pour les touristes, de Calenzana jusqu’à Conca, pour les randonneurs, enfin la crème des randonneurs, ceux qui repoussent les limites du mal, les affres de la douleur, les frontières de la souffrance à son point le plus lointain ?

De quoi a-t-on le plus envie quand, après sept jours d’une marche de forcené, vous avez parcouru 180 kilomètres non pas parsemés de jonquilles ou de fleurs  des champs mais bien de 11000 mètres de dénivelé positif (1) ?

Sur quoi se jetterait-on sans plus attendre après avoir regagné le plancher de vaches  quand vous avez du franchir,  à plus de 2000 mètres le mont Cinto, le col le plus haut de l’île que l’on dit de beauté, mais qui ne l’est pas vraiment quand elle vous propose un kilomètre d’ascension à 56 % de pente, et que ce kilomètre là vous mettrez 1h 45 à le vaincre ?

Barres de céréales et ampoules au pied

De quel plaisir là, tout de suite, sans attendre,  pour oublier que vous avez douté, pour effacer les larmes  puisque, oui, vous êtes allé jusqu’à pleuré, pour gommer  l’angoisse de la peur du lendemain et du retour de la douleur, puisqu’il n’y a rien qui vous entoure, sinon l’âpreté d’une crête, les trous d’un « pierret » inhospitalier, les anneaux d’une chaîne d’acier scellée dans la roche pour seule alliée devant le mur. L’hélicoptère, seul, viendrait vous tirer d’un mauvais pas au cas où, mais le réseau, hein, le réseau pour prévenir vous le captez où ?

Sur quel plaisir vagabonde votre esprit que vous avez imprégné de barres de céréales pour déjeuner et d’ampoules aux pieds pour vous accompagner ?

Qu’est-ce que vous vous offrez  pour fêter votre victoire face au GR20 ? Pour l’avoir maté en sept jours comme sur « Excell », sauf que sur « Excell » tout le monde mate le GR20 et même en moins de temps, beaucoup moins...

Le choix qui vous est proposé désormais que vous êtes revenu à la civilisation, que vous avez revu des routes et des voitures, est aussi large qu’il fut étroit toute cette semaine de torture physique et mentale, d’inconfort aussi ? Piquer une tête sur la plage de Porto Vecchio ? Profiter  un peu plus encore sous la couette du lit de l’hôtel ? Rester et rester, deux fois plutôt qu’une, sous la douche à l’italienne bien chaude, shampoing à portée de la main ? Vous attabler devant une belle entrecôte bleue et aux cèpes?

« On rêvait de claquettes »   

Rien, mais rien, de tout cela, absolument rien !  « La première des choses, qu’on a faite à Porto Vecchio c’est de trouver le centre commercial le plus proche de l’hôtel, c’est tombé sur « Auchan » et on y a acheté des « tongues », Christoph Pierrou en rigole aujourd’hui, sans doute, bien plus que ce 27 juillet terminus de ce périple de folie quand c’était  alors un produit de première nécessité. « Oui, on rêvait de claquettes » enchaîne Hugo, son fils, au souvenir de ces étapes où « tu devais remettre les chaussures pour aller manger au refuge, or avec ces chaussures tu venais de marcher 20, 30 kilomètres, parfois plus, avec, l’horreur quoi.»

Le souvenir des claquettes de Porto Vecchio s’ajoute, bien entendu à la liste non close encore aujourd’hui et à la kyrielle d’autres, certains que le temps diluera, d’autres que les mémoires graveront. Celui-là est promis à la deuxième catégorie : « Ce fut surréaliste, on sortait d’une semaine à plus de 10 heures, en moyenne, de marche quotidienne et quelle marche, et là sur la moquette de la chambre d’hôtel on n’arrivait pas à faire trois pas sans avoir un mal fou... ».

C’est encore sur les claquettes du jour d’après que père et fils posent la première conclusion de ce défi : « comme quoi, le cerveau imprime et retranscrit, tu dois aller au bout de quelque chose, tu ne réfléchis même plus tu passes en mode automatique, on devient comme des robots programmés »  

« Le sentier le plus dur en Europe »

Le « GR20 », si vous élargissez  celà  donne « Grande Randonnée 20 », 20 comme l’ancien numéro de département de la Corse. Il part du nord ouest de l’île à Calenzana et arrive à Conca, au sud-est au bout de 180 kilomètres après passages de plusieurs cols à plus de 2000 mètres et avec 11000 mètres de dénivelé positif.

C’est un circuit de légende, le « Graal » de la randonnée. Il est balisé de deux petits traits « rouge et blanc » et il est considéré comme le « sentier le plus dur en Europe ». C’est le guide pratique destiné aux randonneurs pour les aider, qui le dit. Sur son parcours, 16 refuges attendent les courageux qui peuvent s’y restaurer le soir et y dormir soit en dortoir, soit en tentes louées  soit en camping simple. Seize, ce n’est pas un chiffre au petit bonheur la chance, non, c’est aussi le nombre de jours proposés aux randonneurs du premier rang pour  boucler le GR20. Ceux là partent en règle générale avec un sac à dos chargé à 16 à 17 kilos, nos deux « Pierrou » s’étaient limités à 9 kilos chacun. C’est que le maître du tracé, le chargé du découpage, le roi des applications et autres téléchargements, trouva son « bonheur » en sept étapes à raison de deux, voire parfois trois, refuges par jour.  Du « bonheur » de la théorie  aux « malheurx » de la réalité, il n’y avait qu’un petit pas  mais, ça il ne le sut que lors des travaux pratiques... « Malheur » étant d’ailleurs un bien trop grand mot par rapport aux maux à surmonter par le duo…

C'est du costaud, pour dur à cuire

Sept jours, c’est loin du record que détient, depuis 2021, en 30h25 l’îlien Lambert Santelli, mais c’est aussi loin devant beaucoup d’autres, on est là dans la catégorie des randonneurs chevronnés.

Une fois le parcours tracé, la préparation peut commencer. Elle comporte l’entraînement des corps bien sûr même si nos deux pelotaris sont déjà en mode  construction athlètes, et puis la logistique, celle du bagage, sachant que l’on va partir et revenir avec la même tenue, celle des équipements avec la chasse permanente aux grammes, celle du voyage, train, bateau, et transferts, et enfin celle des réservations. Ce n’est pas la moindre tant les refuges sont pris d’assaut puisque le GR20 est lui même couru du monde entier et tant la règle y est la règle. La première c’est que pour manger le soir, et dieu sait si c’est primordial, il faut réserver avant 17h30 sous peine de voir le cuisinier fermer le gaz et poser son tablier ! Alors, l’unique solution de repli sera la petite épicerie du refuge... Avec des barres et des compotes dont vous vous êtes nourri toute la journée !

Un beau cadeau pour les 50 ans de « papa »

Le GR20 ce n’est pas gravir  l’Hymalaya, ce n’est pas non plus descendre le gave du pont d’Espagne jusqu’à Laroin,  c’est du costaud, du « dur à cuir », mais qu’est-ce qui a bien pu pousser le père et le fils  lui lancer l’assaut, le défier ? L’amour de ce pays de Corse que cultivent Christophe et  Cathy son épouse, cette fois, tout simplement ? Le couple ne compte plus les fois où il y a passé ses vacances, 7, 8 plus ? Peu importe.

C’est de là que l’idée à germé dans la tête de Christophe. Elle aurait pu faner, elle a  poussé et bien poussé… Celui qui a poussé, et fort c’est Hugo, l’hiver dernier, lorsqu’il tombe sur une vidéo de « youtube » ! « Je suis grand maintenant » alors pourquoi pas ? L’aventure est grande, le défi est énorme, que dire du symbole il est fort, très fort. N’est-ce pas pour l’année des 50 ans de « papa » un merveilleux cadeau, enfin merveilleux on verra...

Le 17 juillet à Toulon, peu avant minuit sur la rampe qui monte jusqu’au ferry, parmi la foule des vacanciers  deux palois  qui ne partent pas bronzer, mais suer plutôt, en ch… soyons francs. Christophe et Hugo Pierrou, le père et son fils vont défier le GR20 !

Gérard Bouscarel

(1) Le dénivelé positif c’est l’élévation cumulée de la journée, 3000 mètres de montée et 1200 de descente vous donnent un dénivelé positif de 1800 mètres.

(A suivre)

II- Chaque refuge, c’est une victoire.

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