"Excelsa", le dernier carré est avancé
Pas folle, la guêpe, pardon l’organisation, avait tout prévu et surtout de ne pas sacrifier au pêché mignon de la pelote, c’est à dire le quart d’heure béarnais de retard qui dépasse d’ailleurs souvent le quart d’heure… Donc Tournoi des 6 nations et France-Pays de Galles avec trois palois en bleu de surcroît, obligent le juge Philippe Jaureguiberry avait briffé les joueurs sur le strict respect des horaires… Oui mais, en matière sportive on ne prévoit jamais tout, encore moins le scénario d’une partie et c’est sans doute ce que s’est dit le public de la gomme. Si fidèle d’ordinaire, il était au trois coups de cette seconde soirée du Master « Excelsa » bien plus clairsemé que lors de la première et ce alors que le maître de ces lieux, Olivier Laberdesque, était programmé en seconde partie de soirée...
Une dernière dizaine interminable
Et à l’heure où, de fait les derniers quarts de finalistes du tournoi rentraient sur la cancha, leurs supporters se comptaient sur les doigts de deux mains, pas davantage, c’est que le coq et le chardon en étaient aux hymnes respectifs…
La faute à qui? La faute à quoi ? Aux quatre premiers acteurs de la soirée pardi ! Et à une fin de partie ébouriffante parbleu! Pour sûr ces 40 points là auraient mérité des gradins aussi pleins que ceux de la semaine précédente, peut-être même plus. Oui entre Barnèche et Béchat d’un côté et Caricaburu et Hubert de l’autre on est allé au bout du bout de la violence des coups, au bout du bout de l’indécision, c’est à dire d’un suspense étouffant, avec à la fin, comme dans tout bon film qui cache son dénouement jusqu’à la dernière image, celui que l’on croit vainqueur est vaincu, celui que l’on donne gagnant s’écroule au poteau…Ce fut ce qu’on appelle un peu trop vite et sans compassion une belle partie, très belle même, trop puisqu’elle mangea dans son final les 20 première minutes du match de rugby. Chaque point de la dernière dizaine était une histoire, chaque point durait une éternité, chaque point se gagnait au bout de très nombreux assauts. C’était aussi interminable que l’est ce mois de janvier pour les porte monnaies...
Caricaburu, l’homme de la soirée
On glisse sur la première moitié faite d’égalité à 9, 13 et 19. Là, quand on rentre dans le plus âpre, Barnèche et Béchat frappent encore très forts et très bien pour prendre les rênes à 23-19. Ce n’est pas le Pérou, 4 points mais c’est durable et longtemps jusqu’à 37-34… Alors Thomas Hubert usé s’accroche avec cette énergie qui n’est pas celle du désespoir, tout simplement parce qu’il joue avec un avant que Pau ne connaît pas encore, un avant qui n’a joué ici qu’au xaré, c’était contre Laberdesque, mais quel avant. Un avant qui n’est pas le prototype du géant, ni de l’athlète, mais qui est labellisé es-trinquet, es-pelote, tenez un avant qui ne fait pas la moindre faute de toute la partie, un avant auquel on ne fait pas un point, un avant jamais battu. Jérôme Caricaburu, luzien de formation, c’est de lui dont il s’agit n’a pas été seulement le bourreau du lourdais et de l’ossalois, il a été l’attraction de la soirée. Avec ce fait d’armes pas courant tout de même, renverser le sort d’une partie pour clouer le rival à 37 et s’offrir un face à face avec Laberdesque dans huit jours, qui met déjà l’eau à la bouche.
Moins d’adrénaline pour Laberdesque-Abad
Car derrière cet emballage de grande facture, le dernier des quarts de finale manquerait d’adrénaline à coup sûr, même si on l’ignorait… Même si Laberdesque s’avançait flanqué de Abad, même si Rémi Afios appelé en renfort de Florent Carmentos, suite au forfait de Guillaume Betbeder, firent parler leur jeunesse face au quadra dont l’épaule, après le poignet, se fait prier pour aller très haut. Si la première moitié de partie ne fit la part belle à personne, si elle resta à l’équilibre en ronronnant parfois, le 28-24 du premier break permettait à Laberdesque et Abad de s’installer en tête à l’entrée des dix derniers points et ce fut pour Afios-Carmentos la fin des illusions. Sans démériter jamais mais en cédant plus souvent qu’à leur tour. 40-30 au final. Même en ayant fait acte de fidélité à la gomme jusqu’au bout on ne perdait pas grand-chose de France-Pays de Galles. Et on avait découvert Jérôme Caricaburu, dont on nous dit que le nom signifiait en basque « le début de la rue », ce pourrait être aussi avec Pau le début d’une belle histoire...
Gérard Bouscarel